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dimanche, janvier 30

Top albums

Quand j'ai décidé que, cette année, j'allais faire mon top albums sérieusement. J'ai tout de suite vu dans mon esprit ce billet. La liste de tous les albums que j'ai achetés cette année avec, pour chacun, un lien vers un avis. Pour y arriver, j'ai dû parfois me forcer à parler de disques sur lesquels, que je les aime ou pas, je n'avais pas grand-chose à dire, d'où parfois certains billets un peu laborieux. Néanmoins, ça y est. Voici ce dont je rêvais et qui me motivait quand je devais parler du Morrissey ou du Patti Smith. Mission accomplie.

1. Post Industrial Boys - S/T
2. Elizabeth Anka Vajagic - Stand with the stillness of this day
3. Micah P. Hinson and the Gospel of Progress - S/T
4. Scissor Sisters - S/T
5. JC Chasez - Schizophrenic
6. Nick Cave and the Bad Seeds - Abattoir blues/The lyre of Orpheus
7. The Zutons - Who killed the Zutons?
8. Hope of the States - The lost riots
9. Pan American - Quiet city
10. Morrissey - You are the quarry
11. Rammstein - Reise Reise
12. Max Richter - The blue notebooks
13. McFly - Room on the 3rd floor
14. Pan Sonic - Kesto
15. Gravenhurst - Flashlight seasons
16. The Knife - Deep cuts
17. William Sheller - Epures
18. Devendra Banhart - Rejoicing in the hands
19. Einstürzende Neubauten - Perpetuum Mobile
20. Blonde Redhead - Misery is a butterfly
21. Junior Boys - Last exit
22. Patti Smith - Tramping
23. Bonnie "prince" Billy sings Greatest Palace Music
24. Sunn o))) - White 2
25. Isan - Meet next life
26. Björk - Medulla
27. The Network - Money Money 2020
28. Craig Armstrong - Piano works
29. Clinic - Winchester Cathedral
30. The Album Leaf - In a safe place
31. Interpol - Antics
32. Franz Ferdinand - S/T
33. Killers - Hot Fuss
34. Lisa Gerrard & Patrick Cassidy - Immortal Memory
35. Dominique A - Tout sera comme avant
36. The Magnetic Fields - i
37. Eminem - Encore
38. Leonard Cohen - Dear Heather
39. The Dead Texan - S/T
40. Slipknot - Vol.3 : The subliminal verses
41. 22-20s - S/T
42. N.E.R.D - Fly or die
43. Cass McCombs - A
44. Kings of Convenience - Riot on an empty street
45. The Libertines - S/T
46. The Streets - A grand don't come for free
47. The Hidden Cameras - Mississauga Goddam
48. Nouvelle Vague - S/T
49. Lambchop - Awcmon/Noyoucmon
50. Adem - Homesongs
51. The Vines - Winning days
52. Soulwax - Any minute now

Ce fut une très bonne année en fait. Jusqu'à la 22ème place, on trouve des disques que j'aime vraiment beaucoup et ce n'est qu'à partir de la 34ème que je commence à émettre de claires réserves. Les disques que je ne réachèterais sans doute pas avec le recul arrivent seulement au numéro 44.

A ces 52 disques, je devrais sans doute en rajouter une poignée que j'aime bien mais n'ai pas (encore) achetés (en particulier les albums de Kasabian et Daniel Darc) et ceux que je sens que je vais aimer mais n'ai pas encore écoutés (Amplifier ou Girls Aloud par exemple). Vu que je vais maintenant retrouver un peu de temps pour écouter des nouveautés, j'espère rapidement combler ces lacunes.

Les albums de 2004 (XV et fin)

Eminem - Encore (Aftermath)
Je n'aime pas le rap. J'ai essayé pourtant. J'ai lu tous les articles expliquant en quoi le rap est la poésie du siècle et le seul genre musical à être totalement inscrit dans son époque. J'ai même tenté de le croire. Pourtant, Jay-Z continue à m'apparaître comme un paradigme de l'insignifiance et le délire critique qui entoure pour le moment TTC me sidère. La conjonction de mon habituel désintérêt pour les textes et de mon amour des mélodies me rend à peu près imperméable au rap. Dans le rap US, il n'y a que deux exceptions à ce trist constat : Missy Elliott, sans doute à cause de l'effet Timbaland, et Eminem qui, depuis quelques années, enchaîne sans effort apparent les singles imparables (Stan, Lose Yourself ou The Way I am par exemple). De plus, son débit (pardon, son 'flow') est pour moi curieusement compréhensible, en tout cas bien plus que celui de, au hasard, Jay-Z ou 50 Cent. Et puis surtout, comment ne pas être intéressé par un si beau phénomène social. Parfois je me dis même qu'Eminem m'intéresse moins que son succès. D'ailleurs, dans les grandes largeurs, la mythologie du rap me laisse toujours largement perplexe. J'ai ainsi un peu de mal à ne pas sourire quand j'entends avec quel sérieux il discute son 'beef' avec Ja Rule, mais quand il le fait dans une chanson aussi imparable que Like toy soliders, ça n'a guère d'importance. Pour le reste, on retrouve l'habituel mélange de chansons autobiographiques et de cornichonneries (et parfois même les deux ensemble). Dans la veine autobiographique, on a Yellow Brick Road ou Mockingbird. Dans les cornichonneries, il y a My 1st single ou Just Lose it. Et puis, il y a Mosh qui, après quelques écoutes (le clip aide), devient une formidable machine de guerre (pour quoi, on ne sait pas trop, mais qu'importe). Certes, comme apparemment tous les albums de rap, Encore est deux fois trop long, et quand c'est mauvais, ça peut être franchement embarrassant (Puke, Big Weenie...). J'ai notamment un peu de mal à comprendre comment les blagues pipi-caca, les rots et les pets peuvent encore amuser un grand garçon de plus de 30 ans comme Mr Mathers. Pour l'anecdote, Encore serait le dernier album d'Eminem et, pour marquer le coup, il nous fait son Ziggy (Il s'appelle Ziggy. C'est un garçon pas comme les autres...oups...désolé, mauvais Ziggy) en mettant en scène son suicide. C'est sans doute une bonne idée.

The Streets - A grand don't come for free (Warner)
Au début du mois, quand j'ai rassemblé tous mes disques de l'année pour les réécouter, il y en avait trois jolies piles sur mon étagère et je suppose que le fait que les deux derniers qui me restaient à écouter soient des disques de 'rap' est assez significatif des problèmes que je rencontre avec le genre. Si on devait en croire la rumeur, ce serait le disque définitif d'une génération et l'oeuvre du Shakespeare de son époque. Il s'agit sans doute du seul disque dont je n'ai entendu personne dire du mal cette année. Un chef-d'oeuvre absolu qui va pour l'éternité représenter le Génie de son époque....Mouais. Voyons ça de plus près. Musicalement, c'est plutôt moins intéressant que le précédent et les chansons qui restent dans l'oreille sont rares (Dry your eyes et Blinded by the lights). Le phrasé est plutôt laborieux, les beats rachitiques, les mélodies souvent malingres. Je me dis donc que le génie est dans les textes. Je me suis donc fait violence et ai cherché à creuser un peu dans cette direction. Heureusement, les sites qui reprennent les retranscriptions des paroles sont légion et j'ai donc réécouté l'album en lisant les paroles (qu'est-ce que je ne feras pas pour saisir le Génie de mon époque). Et...heu... joker. Pourtant, j'éprouve de la sympathie pour Mike Skinner, qui semble parvenir à garder les pieds sur terre et qui a au moins le mérite de mettre en musique autre chose que le bling-bling-bang-bang de ses confrères US, mais bon, ça ne va quand même pas très loin. Il aurait écrit une nouvelle avec un CD bonus qui contient Dry Your Eyes (une vraie belle chanson dont on se demande ce qu'elle fait sur l'album), j'aurais a priori été plus intéressé. La hype incompréhensible de l'année. Il en fallait bien une.

samedi, janvier 29

Les albums de 2004 (XIV)

Hope of the States - The Lost Riots (Sony)
Après un premier single (Black Dollar Bills) qui avait à l'époque beaucoup impressionné, il est de bon ton de trouver cet album décevant. Je persiste pourtant à le trouver très bon. La plage d'ouverture est le genre de morceaux que j'ai tant regretté de ne pas trouver sur le dernier album de Mogwai et le reste sonne comme un mélange réussi de Mercury Rev et Godspeed You Black Emperor. Malheureusement, le groupe fournit à ses contempteurs un argument de poids : la voix de Samuel Herlihy, mal assurée et qui prend en permanence des accents pleurnichards franchement désagréables. L 'album aurait sans aucun doute gagné à la rendre plus discrète. Néanmoins, je ne renie rien et, parmi tous les nouveaux groupes anglais de l'année dont le NME s'est fait l'écho, il s'agit sans aucun doute du seul dont j'attends le deuxième album avec impatience. (voir, en plus long, ici)

Cass McCombs - A (4AD)
Beacoup d'éléments jouent en faveur de ce disque : une belle première partie du concert de Belle and Sebastian à Bruxelles, sa parution sur un label qui me fait encore aujourd'hui rêver, des titres de chansons intriguants (A comedian is someone who tells jokes par exemple), une production qui oscille entre le classieux et le bricolo, une belle voix et même quelques bonnes chansons (AIDS in Africa, What isn't nature). Certes, d'autres éléments jouent contre lui : un petit manque de fantaisie notamment, mais rien de rédhibitoire. En fait, A est ce genre de disques maudits que l'on peut écouter cinq fois, se dire à chaque fois : "Eh... mais c'est pas mal du tout. Je devrais l'écouter plus souvent.", et n'en jamais rien faire. Cela dit, le fait que je n'aie entendu parler de cet album rigoureusement nulle part semble indiquer que je ne suis pas le seul à souffrir de cette coupable inertie (extraits ici).

Nick Cave and the Bad Seeds - Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus (Mute)
Après Lambchop, c'est Nick Cave qui succombe aux sirènes du double album. Alors que j'ai souvent tendance à reprocher à un artiste de sortir toujours le même disque, Nick fait partie des quelques-uns dont je suis content de retrouver le son inchangé d'une année à l'autre. J'étais donc très curieux d'entendre cet album qui était en quelque sorte forcé au changement suite au départ de Blixa Bargeld, parti se consacrer à Einstürzende Neubauten. Nick Cave a décidé de combler ce vide en le remplaçant par l'opposé presque parfait de la froideur mécanique que l'on associe à Blixa : un choeur gospel. Bizarrement, cela fonctionne plutôt bien et on retrouve très vite ses marques. Après la relative déception de Nocturama, il s'agit même à mon avis d'un des sommets de sa discographie récente, surtout Abattoir Blues que je préfère légèrement à The Lyre of Orpheus. Un point m'a laisse perplexe cependant. Est-ce moi qui ne le découvre que maintenant (bien que l'album No More Shall We Part allait déjà très loin) ou bien l'ami Nick devient-il vraiment de plus en plus mystique ? Les paroles de Get ready for love ne dépareraient pas dans un missel et certaines chansons sonnent comme un véritable appel à l'Apocalypse (Messiah Ward et Abattoir Blues par exemple).

jeudi, janvier 27

Les albums de 2004 (XIII)

Patti Smith - Trampin' (Columbia)
J'ai avec Patti Smith un peu le même problème qu'avec Morrissey. En gros, je connais d'elle Because the night, à cause de la reprise dance qui en avait été faite au début des années 90 (par Double You? Ca commence à dater) et son album Gone Again, que j'avais beaucoup aimé (sans doute l'effet Buckley). Tout le reste, et notamment tout ce qui fait sa 'légende', se noie dans un brouillard indistinct (Horses ? Easter ? Mapplethorpe ?). Ne me reste donc pour me former une opinion que ce disque et je regrette un peu de ne pas pouvoir le replacer dans son contexte. Du coup, j'ai l'impression de ne pas avoir grand-chose à en dire. Je préfère franchement les chansons plus calmes (Mother Rose est absolument parfait) et suis plus circonspect quand des guitares bien grasses s'invitent à la fête (Stride of the mind par exemple). De même, j'ai un peu de mal à accrocher quand elle tente de justifier son image de poétesse rock avec d'interminables récitatifs comme Gandhi et Radio Baghdad, sans doute en partie parce que, comme toujours, je n'écoute pas les paroles (je vais tenter d'en trouver une retranscription). Cela dit, la moitié des morceaux me plaisent (2,4,7,8,9,11) et le timbre de sa voix m'intéresse beaucoup. Un jour, peut-être, je me pencherai sur ses anciens albums.

The Hidden Cameras - Mississauga Goddam (Rough Trade)
J'aimais beaucoup 'The smell of our own', le premier album du groupe à avoir connu une sortie de grande ampleur, et plus encore 'Ecce homo', son brouillon plus confidentiel. Pourtant, ce nouvel album me crispe, sans que je sache si c'est leur écriture ou mon état d'esprit qui a changé (il faudrait que je les réécoute). Les morceaux sont presque tous construits sur le même canevas : tempo rapide, basse martelée, phrases répétées,... Tout y est fait pour que l'auditeur se sente emmené dans une sarabande endiablée et follement gaie. J'imagine que, en concert, toute la salle sautille en arborant un sourire amusé. Ooh. Entendons-nous bien, je ne suis pas un monstre et moi aussi j'aime beaucoup sautiller en arborant un sourire amusé, mais pas sous la contrainte. Après une demi-heure de ce régime, je finis par ressentir l'envie d'y échapper et de plonger dans une autre ambiance (me repasser l'intégrale des Tindersticks par exemple), d'autant que, à plusieurs moments, la voix de Joel Gibb me hérisse le poil. Franchement, si je n'entendais plus 'Enema, maaaa, maaaahaaaaa...' qu'au jour de ma mort, ce serait trop tôt (et je vous fais grâce de mes pensées sur le 'gumblblblnanaa' dans Fear Is On). Heureusement, le disque contient trois belles chansons, plus calmes (Builds the Bone, We Oh We et Mississauga Goddam) où le tempo se relâche enfin et où la voix se fait plus caressante (elle sonne même curieusement proche de celle de Mark Kozelek quand il chante 'We Oh We'). Ces trois chansons, par les quelques instants de répit qu'elles ménagent, me permettent de tenir tout l'album sans souffrir de crampes. Hourrah.

Micah P. Hinson and the Gospel of Progress - S/T (Sketchbook)
Lorsque j'entendis ce disque pour la première fois, à la fin de l'été (notez comme je signale incidemment que c'était bien avant que les Inrocks en parlent), il m'était apparu immédiatement comme mon "album de l'année". Il semblait flotter tellement au-dessus de la mêlée que je ne voyais pas comment il aurait pu en être autrement. Je l'ai ensuite abandonné pendant quelques semaines, tout en lui conservant dans ma tête son statut d'"album de l'année". Cette semaine, en le réécoutant pour en parler dans cette série de billets (qui touche enfin à sa fin), je n'ai bizarrement pas pu me remettre dans l'état d'euphorie qui fut le mien en septembre. Le disque n'est évidemment pas devenu mauvais entre-temps. Il continue à distiller une dream-folk-pop teintée de country et très inspirée. La voix de Micah P. Hinson est toujours aussi subtilement éraillée. Les alternances entre dépouillement et empilement sont toujours aussi intelligemment amenées (Close your eyes ou At last, our promises). La production impressionniste des Earlies (entre autres) est toujours aussi inventive (The Possibilities) et les mélodies imparables (Caught in between). Stand In My Way est la valse la plus émouvante depuis Elliott Smith. L'épique The Day Texas Sank To The Bottom Of The Sea conclut l'album par un longue (plus de huit minutes) complainte en crescendo où guitare acoustique, piano, voix, cordes, orgue, choeurs s'invitent tour à tour avant de se dissoudre dans le silence. En fait, la seule chanson faible de l'album est Patience, en grande partie parce que Micah P. Hinson y tente de chanter la colère, et échoue. Treize titres donc et un seul n'est pas inattaquable. Evidemment, cela suffit à en faire un des albums de l'année, si plus tout à fait L'album de l'année. Pourtant, je regrette de ne pas tout à fait à retrouver l'état d'enthousiasme extatique qui fut le mien il y a quelques semaines. Cela dit, rien ne prouve que cela soit définitif. Peut-être pourrai-je dans quelques mois réécouter le disque et être à nouveau terrassé par sa beauté. C'est tout le mal que je me souhaite.

lundi, janvier 24

Les albums de 2004 (XII)

Einstürzende Neubauten - Perpetuum Mobile (Mute)
Quand on me décrivait un concert d'"Einsturz", les termes qui revenaient le plus souvent étaient "industriel", "tôle" et "perceuse". Lorsque je suis enfin allé les voir en avril dernier, je m'attendais donc à quelque chose de très sauvage et de passablement barré. Force est de reconnaître que si ces termes recouvrent bien une partie de la réalité, ils font abstraction d'une autre, au moins aussi importante, qui serait elle mieux décrite par les termes : "chuchotement", "mélodie" et "silence". Sur disque, c'est un peu pareil. L'album m'intéresse surtout par ses morceaux les plus calmes (Grundstuck) ou sa capacité à générer une alternance de bruit et de calme au coeur de la même chanson. On souhaiterait ainsi que Perpetuum Mobile soit conforme à son titre et ne s'arrête jamais de passer de l'un à l'autre. Le disque contient aussi des chansons franchement pop (YouMe & MeYou), voire presque dansantes (Der Weg Ins Freie). J'étais allé voir ce concert par curiosité sans rien en espérer de particulier et en suis ressorti bien plus enthousiaste que je ne l'aurais cru. Le disque a ensuite confirmé que EN possède bien toutes les caractéristiques du groupe dont je pourrais devenir fan.

The Magnetic Fields - i (Nonesuch)
Stephen Merritt est indéniablement une personnalité attachante et ses textes ont un côté délicieusement 'écrit' ("So you quote love unquote me" par exemple). Pourtant, je ne suis jamais parvenu à réellement le considérer à la hauteur de sa réputation. A sa décharge, l'adoration aveugle qu'il suscite chez certains rend la tâche quasiment impossible. L'album s'intitule I car toutes les chansons ont un titre qui commence par la lettre I et une fois sur deux par le pronom I. On nage donc en pleine confession autobiographique, pour ne pas dire en plein délire mégalo. I thought you were my boyfriend contient une petite mélodie au piano assez irrésistible et In an operetta est un beau pastiche. Pourtant, le disque souffre de se cantonner dans un registre mid-tempo avec un son qui varie peu. Les chansons que l'on peut chantonner sont assez rares et je doute que celles dont on étudiera les textes à l'université dans 20 ans soient tellement plus nombreuses. Du coup, si le disque fonctionne à moitié sur plusieurs tableaux (pop, confessions, sophistication des arrangements,...), il ne fonctionne parfaitement sur aucun. De plus, je pensais que le fait de se vanter de n'avoir utilisé aucun synthé pour enregistrer un disque était officiellement devenu ringard en 1981, d'autant que je me demande alors vraiment d'où vient ce son au début de I thought you were my boyfriend.

The Dead Texan - S/T (Kranky)
J'ai déjà en gros dit ce que j'en pensais dans mon billet sur le concert du groupe il y a quelques jours. Adam Bryanbaum crée ici à l'aide de longues nappes (et d'un soupçon de guitares) une série de vignettes à la limite de l'ambient et du new-age qui lorgnent de manière assez évidente vers Brian Eno. Malheureusement, avec 11 morceaux pour 46 minutes, il a un peu tendance à passer trop rapidement sur ses bonnes idées. L'ambient est une musique qui demande du temps et de l'espace pour se déployer et il semble bizarrement avoir eu peur de faire trop long. Ainsi, le morceau Glen's goo, avec ses 4 petites minutes, ne donne qu'un avant-goût frustrant de ce qu'il aurait pu être (et fut dans une certaine mesure lors du concert). Aegina Airlines sonne comme un hommage à the Plateaux of Mirror, le disque de Brian Eno et Harold Budd mais, de nouveau, 2:48 est bien trop court pour que la magie puisse opérer réellement. Bizarrement, dans cette course à la concision, les morceaux auxquels il a accordé le plus de place sont souvent les moins intéressants (La ballade d'Alain Georges ou Beatrice pt. two). Le meilleur moment du disque est sans doute When I see Scissors I cannot help but think of you, notamment à cause d'un très bel emploi du piano. Etrange disque donc, qui contient une poignée de bonnes idées, malheureusement sous-exploitées, et pas mal de remplissage. Franchement, à tous ceux qui s'enflamment comme des torches à la simple mention de cet album, je ne peux que conseiller de se précipiter sur les disques de Brian Eno (On Land et The Plateaux of Mirror par exemple) ou même la BO de Solaris par Cliff Martinez. Ils y trouveront à mon avis en nettement plus abouti tout ce qui n'existe qu'en germes sur cet album.

vendredi, janvier 21

Les albums de 2004 (XI)

Gravenhurst - Flashlight Seasons (Warp)
Je ne sais pas si le 'folk atmosphérique' est un genre reconnu mais il trouve en tout cas ici un bel ambassadeur, digne héritier de Mojave 3 par exemple. Gravenhurst est le groupe d'un seul homme, Nick Talbot, qui a écrit, interprété et enregistré ce disque en solitaire. Essentiellement basé autour du binôme guitare acoustique et voix haut perchée, le disque contient également quelques rares touches d'orgues, de claviers, d'harmonica ou de percussions. Une chanson comme I turn my face to the forest floor résume bien pour moi la teneur de ce disque empli d'une beauté fragile mais qui ne manque pas d'assurance. (voir aussi ici)

Devendra Banhart - Rejoicing in the hands (XL Recordings)
Kings of Convenience - Riot in an empty street (Source)
(voir ici)

Nouvelle Vague - Nouvelle vague (Peacefrog)
A croire que chaque année nous réserve son groupe de reprises à la mode, de Senor Coconut à Mike Flowers Pop et de Scala à Nouvelle Vague. Le concept, auquel l'album se résume, est de faire des reprises de chansons new-wave ('nouvelle vague' donc) en style bossa-nova (qui ne veut pas dire nouvelle vague mais bon, il y a quand même 'nova'). Il semble avoir été inventé uniquement pour permettre à des journalistes d'écrire des trucs du genre "Le soleil brésilien rencontre la pluie britannique et forme un arc-en-ciel d'élégance." Ils ne s'en sont pas privés et, grâce à leurs dithyrambes climatiques, le groupe est même parvenu à organiser quelques concerts branchouilles. Tant mieux pour eux. On peut tout de même regretter que la question de savoir si ça apporte quoi que ce soit aux originaux ne semble pas avoir été posée. Le détournement pour le plaisir du détournement, c'est gentil mais ça ne va pas très loin. Le seul morceau qui semble parvenir à percer son corset conceptuel est Marian, sans doute parce que je n'en connais pas la version originale.

22-20s - 22-20s (Heavenly)
Cette année aura vu apparaître une évolution fondamentale dans le paysage musical britannique : les groupes en The ne sont plus en The. Les hypes rock indé de l'année ne sont pas The Franz Ferdinand, ni The Kasabian, ni The Razorlight, et encore moins The 22-20s. Non, non. Ce cliché éculé est définitivement rangé au vestiaire. Maintenant, les groupes se présentent sans article, tout juste habillés d'une dizaine de chansons de blues énervé, de quelques fanfaronnades à placer dans les interviews du NME et de Kerrang, d'une lippe boudeuse et de quelques milliers de cheveux savamment ébouriffés. Il faut bien convenir que ça fonctionne malgré tout plutôt bien. 22-20s prend ainsi fièrement sa place dans la lignée The White Stripes-The Von Bondies-The Black Keys avec quelques chansons imparables (Devil in me, Such a fool) et une bonne dose de wock'n'woll attitude. Certes, ils n'enregistreront jamais de quatrième album et tous, sauf le premier bien entendu, se vendront moins que le précédent. Qu'ils en proftent donc bien tant que ça dure (et nous aussi). D'ici cinq ans, la récré sera finie.

Dominique A - Tout sera comme avant (Labels)
Pourquoi diable est-ce que je continue à acheter les albums de Dominique A quand je sais pertinemment bien que je ne parviendrai pas à m'y attacher, que je les écouterai cinq ou six fois avant de ne plus jamais y repenser (c'est en tout cas ce qui s'est passé pour Auguri) ? Serait-ce la promesse d'un CD bonus maousse (9 titres), la lecture d'un article enthousiaste dans une revue quelconque ou bien une nouvelle preuve de mon inertie ? Peut-être un peu tout ça mais je crois en fait que c'est essentiellement parce que j'aime beaucoup sa voix et que l'entendre dans des nouvelles chansons suffit déjà dans une certaine mesure à mon bonheur. Ce disque n'a plus grand-chose à voir avec ce qu'il faisait à ses débuts, ni même avec Remué. Il s'agit plutôt d'un disque très arty qui fait un peu penser au dernier Bashung. Voyez par exemple ce que l'on trouve dans la liste des instruments utilisés : ukulélé, marimba, cajon, hang, gu-zheng et marimbula, cuatro, cavaqinho et ondes martenot (sans compter un orchestre symphonique). On est très loin du minimalisme Casio de son premier album. Pourtant, cela reste indéniablement du Dominique A. Les mélodies sont toujours aussi fragiles et les notes tenues aussi incertaines. Seulement, elles se déploient maintenant sur un fond instrumental déstructuré et vaguement syncopé, et pourquoi pas après tout ?

mercredi, janvier 19

Les albums de 2004 (X)

Lambchop - Awcmon/Noyoucmon (City Slang)
Sortir des albums doubles pour le prix d'un simple est plutôt une bonne idée marketing. Devant le rayon, l'acheteur potentiel se dit confusément qu'il en aura de toutes façons pour son argent. C'est d'ailleurs en partie la raison pour laquelle il s'agit du premier disque de Lambchop que j'achète à sa sortie. Et pourtant... Avec environ deux fois 45 minutes, ce double album ne contient pas tellement plus de musique qu'un simple CD de 78 minutes bourré jusqu'à la gueule. Pis, il donne une désagréable impression de remplissage. J'aimais bien leur album Nixon et je garde un bon souvenir de leur concert à Bruxelles lors de la tournée Is a Woman mais je dois bien avouer que pour décrire ce double album, le premier mot qui me vient à l'esprit est "ennui" : un ennui élégant, raffiné, de bon goût et qui ne manque pas de classe, mais un ennui quand même. C'est bien simple. Il suffit que je mette ce disque sur la platine pour instantanément penser à autre chose. Pourtant, j'aime bien le son Lambchop, notamment pour la voix de Kurt Wagner, mais ces chansons me filent entre les oreilles comme le sable sec entre les doigts d'un poing fermé. Je ne désespère pas que cela change un jour.

Bonnie "prince" Billy - sings Greatest Palace Music (Domino)
C'est amusant de réécouter ce disque juste après celui de Lambchop, qui est stylistiquement assez proche. Comment puis-je rester indifférent à l'un et succomber à l'autre ? Parce que la voix de Will Oldham est plus émouvante que celle d'un vieux briscard comme Kurt Wagner ? Parce que la production est plus variée (même si le producteur de ce disque vient de Lambchop) ? Parce que la pochette est plus jolie (le pseudo-Cézanne à l'avant, pas la franchement terrifiante photo de Will à l'arrière) ? Peut-être tout simplement parce que les chansons sont meilleures. De plus, ce disque a une fonction pratique. En sa qualité de pseudo best-of aux hormones, il me permet de faire une croix sans trop de mauvaise conscience sur les disques de Palace (dont je n'ai jamais entendu une traître note) et de me contenter des albums de Bonnie 'prince' Billy.

Post Industrial Boys - Post Industrial Boys (gogi.ge.org)
Un OSNI réalisé par un groupe de musiciens (apparemment) géorgiens (la Géorgie ex-soviétique, pas l'américaine). Le boîtier arbore sur sa face arrière une faucille et un marteau noirs sur fond couleur yaourt aux fruits des bois. Pas de nom de label reconnaissable ni de date de sortie. Juste, bizarrement, un code-barres. La pochette mentionne comme compositeur et producteur un certain George Dzodzuashvili tandis que l'écriture des textes est le plus souvent laissée aux interprètes de chaque titre, qui ont tous des noms en -dze ou en -shvili. C'est à une chronique des Inrocks que je dois la découverte de ce petit bijou (comme quoi, ils peuvent toujours surprendre). De mémoire, elle faisait référence pour décrire l'album à Bacharach et Kraftwerk. Deux noms qui me semble-t-il n'ont pas grand chose à voir avec ce que contient le disque. Si je devais chercher des points de comparaison, ce serait plutôt chez Broadcast et Leonard Cohen que je les trouverais. Tout le disque baigne ainsi dans une ambiance d'électronique élégante, vaguement jazzy et qui me rappelle Broadcast ou, à la limite, certains morceaux de Stereolab. La deuxième référence ne vaut que pour la chanson qui donne son titre à l'album, où un certain Gogi chante, avec une voix qui m'évoque celle de Cohen, des phrases du genre "Post Industrial Boys have a wonderful voice. They read some James Joyce and make a careful choice. Post Industrial Boys subscribe to Village Voice." ou "Dow Jones Average tells hypocrisy of postindustrial mediocracy." sur un petit tapis de boîte à rythmes et quelques notes de synthé. S'il est sorti une plus belle chanson en 2004, je dois encore la découvrir. Tout le reste de l'album est à l'avenant, en majorité chanté en russe et, sur un titre, dans une langue imaginaire (ce qui pour moi revient un peu au même). L'avant-dernier morceau, Kampolina, sonne lui comme une BO de Badalamenti (c'est un compliment). En définitive un disque presque parfait.

Max Richter - The blue notebooks (Fat Cat)
Voilà un disque qui va beaucoup profiter de la réécoute de janvier. J'en avais gardé le souvenir d'un très bel album de "nouvelle musique" néo-tonale, sorte de requiem pour cordes et piano évoquant à la fois les contemplatifs slaves à la Arvo Pärt et les minimalistes américains, beau mais un peu trop évanescent pour enthousiasmer réellement. En le réécoutant, je dois bien admettre qu'il est tout de même assez emballant et pas si transparent que cela. Certes, le disque porte parfois ses références comme un étendard. J'étais ainsi très fier d'avoir repéré à quel point la plage 4 était un hommage au premier album de DJ Shadow (à Stem plus précisément), avant de me rendre compte que son titre était Shadow Journal. De même, Arboretum sonne étrangement comme un inédit des 'Metamorphosis' pour piano seul de Philip Glass. Written in the sky semble lui avoir été composé pour servir de bande-son à la dernière scène d'un film tragique. Je l'imagine assez bien par exemple en fond sonore d'une scène de naufrage où le héros se noierait après avoir réussi in extremis à placer son fils sur un radeau de fortune. La caméra suivrait en contre-plongée la descente de son corps s'abîmant dans les profondeurs tandis qu'en arrière-plan on verrait le radeau flotter sur la surface et s'éloigner vers le lointain. Juste avant le générique, un gros plan nous montrerait le visage apaisé du père ayant sauvé son enfant d'une mort certaine puis (allons au bout de nos idées) un léger mouvement de caméra nous montrerait son poing serré d'où dépasserait la chaîne d'un médaillon, celui que lui avait offert sa femme au début du film. Ce serait d'autant plus émouvant qu'elle serait morte en donnant naissance à l'enfant. Ils seraient ainsi tous les deux morts pour le mener à l'âge adulte. Ce serait beau. Les Oscars pleuvraient comme des grenouilles dans un film à Oscars et Max Richter aurait composé la musique.

mardi, janvier 18

Les albums de 2004 (IX)

Scissor Sisters - Scissor Sisters (Polydor)
Les Scissor Sisters ont sans aucun doute été l'une des "révélations de l'année". En début d'année, lorsque l'album est sorti, je me rappelle avoir pensé : "Ce disque est incroyable. Tous les morceaux pourraient être des singles." Quelques mois plus tard, j'ai un peu l'impression que tous l'ont été. Sept sur les onze titres de l'album ont en tout cas été abondamment diffusés en radio. D'où vient ce succès ? A mon avis, pas de leur capacité à innover mais plutôt de leur capacité à remettre au goût du jour une certaine élégance dans l'écriture pop. Ca faisait longtemps que je n'avais plus entendu un disque aussi bien arrangé et orchestré. Là où de nombreux disques supportent assez mal l'écoute au casque, celui-ci semble au contraire bénéficier d'une écoute attentive, en révélant par exemple de jolies guitares saturées en accompagnement ou bien le petit solo de saxophone sur Mary. Je pourrais aussi ajouter que l'idée de mixer Pink Floyd et les Bee Gees n'est pas loin d'être géniale, que Jake Shears a une voix étrangement proche de celle de Elton John (jeune) sur Mary et que Return to Oz, non contente d'être la plus belle chanson de l'album, est aussi la plus belle chanson que le Bowie de la grande époque aurait dû écrire (on croirait entendre un inédit de Space Oddity). La version anglaise de l'album possède deux morceaux inédits (et plus électro) précédés d'un petit speech où une membre du groupe dit un truc du genre "Vous venez d'écouter notre premier album. Merci. J'espère que vous l'avez apprécié ce disque. Après ce petit bruit, vous aurez le choix entre remettre le disque à son début ou écouter ces deux morceaux réservés au pressage britannique de l'album." Un disque formidable ET bien élevé. Que demander de plus ?

William Sheller - Epures (Mercury)
J'écoute très peu de chanson française, et moins de 3% des disques que je possède sont chantés en français. Si on fait abstraction des grands anciens (Gainsbourg et Brel principalement), les chanteurs français pour lesquels j'ai de l'estime se comptent sur les doigts d'une main (Bashung, Chamfort, Romain Didier et Gotainer) et le seul que j'écoute régulièrement est William Sheller. Est-ce son côté solitaire sophistiqué ou bien ses prétentions classiques qui me le rendent sympathique ? Je ne sais pas trop mais le fait est que c'est un des rares chanteurs francophones (avec Dominique A) que j'ai vu en concert et je considère Univers, par exemple, comme un véritable chef-d'oeuvre. Cette année, il est revenu à la formule qui lui avait valu gloire et récompense il y a une petite dizaine d'années avec 'Sheller en solitaire', piano+voix. Cet album contient 11 nouvelles chansons et une reprise des Machines Absurdes pour une durée totale de 33 minutes à peine (c'est peu). On se retrouve ici en terrain ultra-connu, les changements d'accord typiques et la voix de Sheller ne dépayseront personne. Le disque n'apporte donc pas grand-chose de neuf mais comme ça faisait presque 10 ans qu'il n'avait plus rien sorti dans ce genre, je lui pardonne volontiers, surtout quand les chansons sont de ce niveau.

Junior Boys - Last Exit (Kin/Domino)
Lorsque j'ai entendu parler de ce disque pour la première fois, il était présenté comme le meilleur disque pop de l'année. Force est de constater que le terme 'pop' est quelque peu trompeur. Si je devais définir ce genre de son, je parlerais plutôt d'électro minimaliste (là me prend une énorme envie d'ajouter 'à la Kompakt' mais, n'ayant écouté qu'une seule compilation Kompakt, j'ai peur que ce ne soit un peu téméraire), avec quelques paroles rajoutées. Aux premières écoutes, le disque m'a étonné par son dépouillement et le fait qu'il semblait ne contenir quasiment aucune note tenue. Les boîtes à rythmes, les synthés et les voix sonnent presque toujours staccato. Pourtant, malgré les multiples répétitions, le disque n'est jamais ennuyeux et est même souvent rythmiquement assez fascinant. Les voix sont souvent plus murmurées que chantées et mixées en retrait. Elles ne prennent donc que rarement le dessus sur l'accompagement. Il est pourtant une exception notable à cette règle : Teach Me How To Fight, une complainte en suspension d'un beauté assez sidérante et sans aucun doute le plus beau morceau de l'album. La voix y prend réellement les rênes de la chanson et on regrette qu'ils n'aient pas laissé plus souvent libre cours à leurs envies lyriques. (bio et extraits ici)

The Network - Money Money 2020 (Reprise)
Après Slipknot, voici un autre groupe à masques. Je ne sais pas grand-chose d'eux. C'est un disque assez difficile à définir. Les instruments sont essentiellement rock. Pourtant, l'ensemble a un petit côté rétro 80s, dû en partie à quelques touches de synthés, mais aussi à une manière de chanter qui rappelle un peu les débuts de la new-wave. En fait, The Network pourrait être assez fidèlement décrit comme "Green Day ayant remplacé Billie Joe Armstrong par Gary Numan" (voir Hungry Hungry Models par exemple). La rumeur veut d'ailleurs que derrière les masques se chachent des membres de Green Day. Je me suis demandé deux ou trois fois si mon affection pour ce disque signifie que je suis susceptible d'aimer aussi les albums de Green Day mais il est des questions auxquelles il vaut mieux ne jamais apporter de réponses, même si le groupe subit actuellement une réhabilitation vertigineuse. Un bon point aussi pour la citation de Public Image Limited (et idem pour Rammstein d'ailleurs). (extraits ici).

lundi, janvier 17

Les albums de 2004 (VIII)

Slipknot - Vol. 3: (the subliminal verses) (Roadrunner)
Le groupe continue sur la voie du deuxième album, avec un bon trash-metal des familles (Duality et Three-Nil sont parfaites dans le genre) et quelques tentatives calmes plus ou moins, mais plutôt moins que plus, bienvenues (Circle par exemple). Malheureusement, ils ont eu la mauvaise idée de mettre les paroles dans le livret. Du coup, on ne peut pas ignorer à quel point elles sont consternantes. Je persiste néanmoins à penser que tout le monde devrait avoir chez soi un bon disque de metal bas du front, ne serait-ce que pour faire enrager les voisins qui écoutent des disques de fanfare le dimanche matin. De plus, le livret est sublime. v23 devrait leur intenter un procès. (voir aussi ici et )

N.E.R.D - Fly or die (Virgin)
Sur la foi de quelques singles imparables réalisés pour Kelis, Justin Timberlake ou Britney Spears entre autres, les Neptunes se sont forgés une réputation qui dépasse de très loin les frontières du hip-hop. Ce n'est pas du goût de tout le monde et certains puristes pestent de les voir ainsi cachetonner à gauche et à droite pour un peu n'importe qui. Si on suit leur raisonnement, un album comme celui-ci, où ils sont seuls aux commandes et libres de suivre leur inspiration sans contraintes, devrait être bien meilleur que ces chansons éparses qu'ils produisent et écrivent avec un cahier des charges bien précis pour tel ou telle star planétaire. Bizarrement, il n'en est rien. Certes, l'album contient son lot de perles (Fly or Die, Jump, Maybe, She wants to move) mais il a du mal à tenir le rythme sur la longueur. Comment expliquer cette semi-déception ? Peut-être font-ils une musique qui ne fonctionne vraiment que si elle est consommée en petits paquets de quatre minutes faciles à écouter. Peut-être ont-ils besoin pour composer de se confronter à une image ou à une personnalité qui les inspire. Peut-être aussi sous-estime-t-on l'apport des co-compositeurs dans ses singles qu'ils ont produits pour d'autres. Je ne sais pas. Toujours est-il que si cet album 'sonne' très bien et fait un usage très sûr de ses emprunts, il a un peu tendance à m'ennuyer au bout d'une demi-heure. PS : Si quelqu'un pouvait dire à Pharrell que sa voix de fausset est plus un handicap qu'un atout, ce serait déjà un bon début.

Rammstein - Reise Reise (Universal)
Je ne sais pas trop comment quiconque pourrait ne pas prendre du plaisir à écouter ce disque, quoique je suppose que ceux qui le prendront comme une "oeuvre" au premier degré auront plus de mal que les autres. Sûrement des gens capables de chanter "We're all living in Amerika. Coca-Cola Wonderbra. Amerika ist wunderbar" sur la mélodie de Yellow Submarine ne peuvent pas se prendre complètement au sérieux. Si ? Ils peuvent ? Vous êtes sûrs ?.....Au cas où mon hypothèse haute selon laquelle il s'agit d'un disque de clowns tomberait à l'eau dans un fracas assourdissant d'illusions brisées, voici donc quelques autres arguments en faveur de cet album : il s'appelle Voyage Voyage comme la deuxième meilleure chanson de Desireless, les Pet Shop Boys se sont fendus de deux excellents remixes de Mein Teil, la chanson Moskau contient les plus belles mélodies mi-chantées mi-criées en Russe de l'après-t.A.T.u, un morceau cite explicitement Public Image Limited et ils ont même pensé à enregistrer des ballades dont une qui s'intitule, au cas où n'aurait pas bien perçu que c'était une chanson plus calme que les autres, Amour Amour. De plus, le disque regorge de trouvailles sonores en tous genres (avec une mention particulière pour Dalai Lama). Non, franchement, c'est imparable... à ne surtout pas prendre au sérieux mais imparable. (vour aussi ici)

Björk - Medulla (Polydor)
Est-ce moi qui ne fréquente plus les bonnes personnes ou bien ce disque a-t-il, quelques semaines à peine après sa sortie, déjà été oublié ? Pourtant, il contient son lot de bonnes choses, et surtout un petit chef-d'oeuvre, Vokuro, qui est peut-être ce qu'elle a fait de mieux. Le gimmick sur lequel tout le monde s'est attardé (l'absence d'instruments) n'est finalement qu'un détail. La complexité de la production sur un bonne moitié des morceaux prouve bien que cela ne constitue pas réellement une contrainte qui mérite qu'on s'y attarde. A l'époque de sa sortie, l'album m'était apparu particulièrement inégal, mais à le réécouter aujourd'hui, il m'apparait sans doute plus homogène, même si les morceaux que je préférais à l'époque sont encore ceux que je préfère aujourd'hui. Peut-être Björk méritait-elle de voir son piédestal chanceler quelque peu, mais j'aurais préféré que cela se produise pour Vespertine que pour cet album-ci. (voir aussi ici)

vendredi, janvier 14

Les albums de 2004 (VII)

McFly - Room on the 3rd floor (Island)
La sensation pop anglaise de l'année. Imaginez quatre types d'environ 18 ans, lancés à grands renforts de publicité par des producteurs multi-récidivistes tentant de noyauter le marché des pré-adolescentes. Ils ont des cheveux dans tous les sens, écrivent eux-mêmes leurs chansons sur des thèmes aussi universels que "Yeah ! C'est samedi soir. Les vieux sont pas là. On va faire la fête à la maison" (Saturday Night), "Cette fille, elle est trop bizarre. Elle a les cheveux de toutes les couleurs." (Five Colours in her hair) ou "Elle m'a posé un lapin... quand je pense que je lui avais préparé des broccolis" (Broccoli). A priori, la seule réaction envisageable serait de les ranger bien vite dans la catégorie "Non, vraiment, je suis devenu trop vieux pour ce genre de choses". Pourtant, je vous défie de trouver cette année un disque de pop à guitares aussi efficace ou jouissif que celui-là. Certes, ce n'est pas d'une originalité folle (pensez rockabilly et pop 60s ou, de manière peut-être plus parlante, 'mini-Forbans') et leurs voix ne sont franchement pas inoubliables. Je ne pousserai donc sans doute pas mon enthousiasme aussi loin que certains commentateurs anglais qui ont comparé cet album aux oeuvres de jeunesse des Beach Boys ou des Beatles (ce serait de plus un mauvais service à leur rendre) mais il est bien meilleur que ce que l'on était en droit d'espérer. Reste maintenant à voir si une brillante carrière à la Beach Boys peut réellement s'ouvrir à eux. J'en doute mais aime bien l'idée que certains le pensent, d'autant que le split de Busted leur ouvre un boulevard.

Morrissey - You are the quarry (Sanctuary)
Bien que j'éprouve pour les Smiths un intérêt poli depuis quelques années, ils n'ont jamais fait partie de mes groupes fétiches. Morrissey et Marr ne se parlaient déjà plus quand j'ai acheté mon premier disque et je ne me suis jamais senti un besoin impérieux de m'y mettre réellement. Je me contente d'écouter de temps à autre les compiles de singles ou Strangeways Here We Come. De même, je n'ai aucun souvenir des premiers albums solos de Morrissey. Son retour en 2004 représentait donc pour moi la première occasion de vivre en direct la sortie d'un de ses disques. A vrai dire, je n'en attendais pas grand-chose mais Irish Blood, English Heart, un des meilleurs singles de l'année, est vite venu changer ça, surtout en me rappelant à quel point il chante bien (n'oublions pas qu'il s'est inspiré de Sacha Distel pour placer sa voix). J'ai trouvé l'album vraiment très bon, même si je serais bien en peine de le situer par rapport au reste de sa discographie. Si on ajoute à ça un plan médias d'enfer et une série d'interviews toutes plus pince-sans-rire les unes que les autres (son passage à Friday Night with Jonathan Ross sur BBC One est un modèle du genre), je pouvais difficilement ne pas succomber à la Moz-mania. Je finirai sans doute par me pencher plus avant sur la carrière des Smiths et de Morrissey, histoire d'avoir un avis plus pertinent sur son prochain album. J'ai vu hier que 'Vauxhall and I' était en vente à 7€50. C'est un bon début.

The Libertines - The Libertines (Rough Trade)
Typiquement le groupe que l'on préfère commenter qu'écouter. Comment ne pas être ému par les confessions croisées de Pete et Carl dans le NME ou rêver d'une réconciliation sur scène dans quelques mois ? Pourtant, quand on réduit le groupe à ce qu'il montre sur ce disque, ce n'est pas grand-chose : une collection de chansons à peine formées, pour lesquelles le mot 'bordélique' semble avoir été inventé. C'est parfois plaisant, sur The Man Who Would Be King par exemple, qui rappelle la Mano Negra, mais dans l'ensemble on se dit que s'ils n'avaient mis plus de talent dans leur oeuvre et un peu moins dans leur vie, ils auraient eu une plus longue carrière.

jeudi, janvier 13

Les albums de 2004 (VI)

The Album Leaf - In a safe place (City Slang)
Où Tristeza rencontre Sigur Ros. Ce n'est donc pas une très grande surprise de constater que l'album se situe au confluent de l'électro et du post-rock atmosphérique. Comme on ne se refait pas, les morceaux que je préfère sont ceux où l'influence de Sigur Ros est la plus manifeste, comme Over The Pond, mais l'ensemble est de très bonne facture, même si je ne suis pas sûr que l'ajout de voix, sur On Your Way par exemple, s'imposait vraiment (des extraits ici.

JC Chasez - Schizophrenic (Jive)
On ne peut qu'être triste pour ce pauvre JC. Son album solo devait au départ sortir à peu près au même moment que Justified, l'album de son comparse Justin Timberlake, mais face à l'ampleur qu'a pris ce dernier et sans doute afin de ne pas encombrer le marché, sa maison de disques l'a forcé à retarder sa sortie. Au début de 2004, après avoir été annoncé et reporté à plusieurs reprises, l'album sort enfin. Le plan marketing se met en place, centré autour de sa présence durant le spectacle prévu à la mi-temps d'un grand match de football américain, le Pro Bowl (je n'ai pas bien compris de quoi il s'agissait), deux semaines après le Superbowl. Et là, patatras, la plus célèbre "wardrobe malfunction" de l'Histoire fout tout le projet à l'eau. La NFL prend peur à l'idée de choquer avec une chanson intitulée Some Girls Dance With Women et remplace au pied levé ce pauvre JC par des danses folkloriques hawaïennes. Pire, son nouveau single All Day Long I Dream About Sex (il les cherche, faut dire) est blacklisté par toutes les radios de peur de représailles et sans doute un peu parce que cela leur apparaît sur le moment même comme une bonne manière de dire à leurs auditeurs "Le déclin moral de ce pays ne passera pas par nous". Autant dire que dans ces conditions, la sortie de l'album fut plutôt confidentielle et sa carrière commerciale courte. C'est d'autant plus rageant qu'il s'agit sans aucun doute du meilleur disque pop de l'année. Il puise à toutes les sources (électro, disco, pop, R'n'b, hip-hop,...), il cite "I feel love", "Sunglasses at night" et se paye un duo avec Dirt McGirt (dont j'ai appris récemment qu'il s'agissait d'un prête-nom de feu Ol' Dirty Bastard.. top crédibilité), il chante tour à tour comme Micheal Jackson, Prince (et ..hum... Sting sur la tentative reggae Everything you want) et accouche ainsi d'une sorte d'album pop définitif (en ce compris dans le fait que les dernières plages sont franchement dispensables). Il réussit même cet exploit de créer une ballade pop qui soit complètement et totalement irrésistible (au premier degré, sans l'ombre d'une posture ironique genre "c'est tellement mauvais que c'est bon") : Build My World, que j'ai chantonné (gémissements à la Prince compris) durant toute l'année. Et tout cela sans recourir à des collaborateurs à la mode. Si on excepte le morceau écrit par Basement Jaxx, en forme de renvoi d'ascenseur pour sa présence sur Kish Kash, il a tout co-écrit avec ses collaborateurs habituels. Chapeau bas. Dans quinze ans, quand l'heure de la réhabilitation sera venue, je pourrai me vanter d'avoir de suite compris à quel point cet album est génial et ferai l'admiration de tous. Ou pas. Tout n'est pas perdu cependant, il est retourné en studio pour enregistrer son deuxième album, avec Guy Chambers, l'ex-compositeur attitré de Robbie Williams. Croisons les doigts car, à quoi bon aimer la pop commerciale si c'est pour se retrouver avec des albums de l'année si peu connus. (des extraits ici)

Pan American - Quiet city (Kranky)
Après un troisième album qui flirtait avec l'électro minimaliste de Pan Sonic, Mark Nelson revient avec un album beaucoup plus organique (les guitares acoustiques sont au premier plan) et ambient (les nappes de synthés feraient se rengorger l'ami Brian Eno). Il vient même de temps à autre pousser la chansonnette lui-même. C'est de très loin le meilleur album de l'année pour s'endormir paisiblement. Het Volk, la plage 7 est une sorte de symphonie pour synthés et cuivres qui est belle à pleurer et rappelle la formidable BO écrite par Cliff Martinez pour le remake de Solaris par Soderbergh. Cet album ne fut sans doute écouté que par les post-rockeux convaincus. Pourtant, avec une promotion idoine, il pourrait sans doute intéresser le grand public (écoute partielle ici)

Sunn o))) - White 2 (Southern Lord)
(voir ici)

Pan Sonic - Kesto (Blast First/Mute)
(voir ici)

mercredi, janvier 12

Les albums de 2004 (V)

Lorsque je me suis lancé dans cette aventure, je ne pensais pas que cela générerait tant de mots (j'en suis à moins de la moitié). Je suis en train de réfléchir à une manière de mettre ça en ligne autrement que via un nouveau billet (par exemple en leur associant une date plus ancienne), histoire de ne pas faire fuir mes lecteurs. En effet, je ne pense pas que, si j'étais à votre place, j'aurais le courage de lire tout ça. :o)

The Vines - Winning days (Heavenly)
Quand on repensera aux Vines dans 10 ans (si tant est qu'on le fasse), surnagera l'image d'un grand gâchis. Quoi qu'en disent certains fâcheux, leur premier album, Highly Evolved, était très bon. Je l'ai réécouté récemment pour m'en assurer et ça tient toujours parfaitement la route. De plus, la hype orchestrée par le NME autour de Craig Nicholls est sans doute ce qu'ils ont fait de plus divertissant ces dernières années. Leur article 'Anatomie d'une rock-star', notamment, reste un sommet du genre. Depuis, une série de concerts souvent catastrophiques n'ont cessé de faire baisser leur cote. Pour renverser la tendance, ils devaient donc revenir avec un album indiscutable, ce qui n'aurait a priori pas dû poser de difficultés puisque Craig ne cessait de répéter que les idées de chansons géniales se bousculaient dans son esprit, à tel point qu'il avait peur d'en oublier la plupart avant d'avoir eu l'occasion de les fixer en studio. Un tel bouillonnement créatif laissait augurer d'un deuxième album forcément génial. Las, il contient en fait essentiellement des anciennes chansons qui furent écartées du premier parce qu'elles n'étaient pas assez bonnes, d'où sans doute la consternation avec laquelle il fut accueilli par les critiques puis par le public, malgré une chanson-titre tout à fait convenable. Je doute fort qu'ils enregistrent un jour un troisième album. Dommage.

Adem - Homesongs (Domino)
J'ai eu la chance de voir Adem sur scène en première partie de Sun Kil Moon au Botanique au début de l'année. J'avais acheté l'album dans la foulée, apprenant en chemin que l'Adem en question était l'un des membres de Fridge, un groupe dont j'ai souvent entendu parler même si, à ma grande honte, je n'en ai jamais entendu une traître note. L'album présente un folk élégant à base de guitares sèches, de flûtes à bec et de percussions. C'est joliment fait et, dans les meilleurs moments, assez enthousiasmant (voir le formidable Everything you need). Malheureusement, c'est assez inégal et, sur certains titres (souvent quand les ambiances se veulent plus intimistes), ça devient même franchement filandreux (Pillow par exemple). Je ne suis pas sûr que le dépouillement convienne tout à fait au tempérament de Mr Adem (surtout quand on a Four Tet au mixage, c'est un peu dommage de ne pas lui donner un peu plus de matière sonore). De plus, depuis des traumatismes d'enfance, je hais la flûte à bec avec passion et la moindre note suffit à me crisper jusqu'à la crampe... Ca n'aide pas.

Isan - Meet next life (Morr Music)
Mes (mauvaises) fréquentations font que je suis régulièrement soumis à de l'electronica et que je vais même me perdre à l'occasion dans des festivals spécialisés, la plupart du temps avec un certain plaisir (le festival Panoptica encore récemment). En revanche, sur disque, c'est souvent un peu quitte ou double. Je suis le premier à reconnaître que je n'y connais pas grand-chose, et les jugements que je porte sur tel ou tel artiste sont souvent épidermiques. Sans surprises, les disques qui me plaisent vraiment sont les plus mélodiques, comme Incunabula d'Autechre ou bien le premier album de Boards of Canada. Isan rentre très clairement dans cette catégorie d'une électro lumineuse et ouverte sur le monde, bucolique entends-je même parfois. On ne s'étonne guère de les savoir tous les deux fans des Smiths par exemple. Clairement, ici les lignes mélodiques sont au moins aussi imporantes que les redoutables 'textures' qui viennent toujours pointer leur nez quand on tente de me convaincre qu'un morceau électro plus aride est un chef-d'oeuvre indiscutable. Malheureusement, ce qui me plait dans ce disque, sa légèreté, son absence de prétention, est aussi ce qui le rend légèrement trop long, et ces mélodies ciselées finissent après 45 minutes par sonner un peu toutes pareilles.

lundi, janvier 10

Les albums de 2004 (IV)

Soulwax - Any minute now (Pias)
Le premier album de Soulwax m'avait laissé rigoureusement indifférent mais, comme un peu tout le monde, j'avais succombé à leur incarnation festive 2 Many DJs, moins pour l'album As heard on Radio Soulwax Vol. 2, que j'avais trouvé un peu décevant, que pour leurs DJ sets (je garde un souvenir émerveillé de leur passage à la Route du Rock). A priori, le retour de Soulwax m'intéressait donc beaucoup et, sur la foi d'un premier single imparable (Any minute now), je n'ai pas hésité longtemps avant d'acheter l'album. Grossière erreur. Non content d'arborer une pochette qui fait mal aux yeux quand on la regarde, il contient aussi un mélange de rock et d'électro qui fait mal aux oreilles quand on l'écoute (sauf peut-être sur le single et sur Please...Don't be yourself). Je ne sais pas à quoi ce rejet est dû, mais rien ne retient mon attention et le son du disque finit par me mettre réellement de mauvaise humeur. Il s'agit sans doute d'une de mes déceptions les plus cuisantes de l'année. Dommage, car je partais avec des montagnes d'a priori positifs.

The Zutons - Who killed the Zutons? (Deltasonic)
J'ai un peu tendance à considérer cet album comme le quatrième album de The Coral, avec juste un peu de saxophone en plus. Ca pourrait passer pour une vacherie (suceurs de roue, aucune originalité, toussah...) mais c'est évidemment un compliment vu que, de tous les groupes apparus depuis cinq ans, The Coral est sans doute mon préféré (sur disque en tout cas). On retrouve ici le même sens de la mélodie immédiate, la même science de l'arrangement qui fait mouche, la même capacité à faire gigoter l'auditeur. On touche ici à un concept qui m'est cher, celui de pop parfaite. Toutes les chansons semblent couler de source, comme si on les connaissait depuis toujours. C'est sans doute aussi la raison pour laquelle c'est un album qui conquiert l'auditeur dès la première écoute, comme une évidence. Pour être à la hauteur de leurs glorieux aînés, il manque juste peut-être aux Zutons un chanteur du calibre de James Skelly. Leurs voix ont beau être très proches dans le timbre, il manque ici un petit quelque chose qui me fait continuer à préférer The Coral aux Zutons (voir aussi ici ce que j'en pensais à l'époque).

The Knife - Deep Cuts (Rabid)
Cet album représente un petit mystère. A priori, il représente une synthèse de tout ce que je peux rechercher dans un disque : des mélodies électro-pop efficaces, un caractère entraînant, une production aux petits oignons, un côté un peu déclamatoire dans les voix (voir par exemple Rock Classics, qui évoque un cabaret décadent dans le Berlin des années 20). En conséquence, à chaque fois que je l'écoute, je me dis que c'est décidément très bien. Pourtant, je ne parviens pas à m'enthousiasmer et ne le mets en fait sur la platine qu'assez rarement. Je me contente d'apprécier le disque d'un air un peu distant sans ressentir le besoin de me l'approprier complètement et en faire un de mes 'disques de l'année'. Je serais bien en peine de dire ce qu'il manque à ce disque pour me convaincre tout à fait, mais je ne désespère pas de trouver.

vendredi, janvier 7

Les albums de 2004 (III)

Lisa Gerrard & Patrick Cassidy - Immortal memory (4AD)
Triste histoire que celle de Lisa Gerrard. Depuis la séparation de Dead Can Dance, elle s'est spécialisée dans les musiques de films, pour des résultats en général sympatoches, mais sans grand intérêt. C'est donc avec une énorme impatience que j'attendais de la voir revenir avec un véritable album. La déception fut à la hauteur de l'attente. En effet, l'album ressemble beaucoup à ses musiques de films. Elle semble y avoir délaissé l'expression pour l'illustration. Des chansons comme Cantara ou The Host of Seraphym inscrivaient immédiatement l'auditeur dans une autre dimension, le mettant en contact avec quelque chose qui le dépassait. Ecouter la musique de Dead Can Dance, surtout quand Lisa chantait, était une expérience de l'ordre de la transcendance, et c'est ce qui faisait sa force. A présent, elle ne semble plus capable que d'enrober quelques vagues notes tenues en soufflet par des nappes de cordes et de synthés. L'illustration la plus claire de ce qui a été perdu est sans doute le fait que rien dans cet album n'est chantable. J'ai passé des heures entières depuis 10 ans à chanter en voix de tête Sanvean, The Spider's stratagem, Yulunga ou Cantara dans le noir absolu. Je défie quiconque de faire de même sur ces chansons. Les lignes mélodiques sont trop inconsistantes. De plus, je regrette de voir l'éventail de ses inspirations se réduire à ce point. Là où Dead Can Dance allait puiser en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Sud les sources de leurs chansons, cet album semble se replier frileusement sur l'Occident, allant jusqu'à justifier pour la première fois cette appellation infâmante de "musique d'église" que j'ai souvent entendu accolée à la musique de DcD (voir le franchement pénible morceau en latin accompagné à l'orgue). On peut sans doute voir là une conséquence de l'embrigadement de Lisa Gerrard depuis quelques années dans les rangs des fondamentalistes chrétiens (elle rêvait de composer la musique de La Passion du Christ de Mel Gibson), et je ne suis pas sûr d'être prêt à le lui pardonner. Ceci dit, l'album a manifestement été un échec commercial et le mari de Lisa Gerrard a dans une interview blâmé 4AD qui aurait été une trop petite structure pour gérer l'immensité du talent de son épouse (je paraphrase, mais le sens y est). Il semblerait que la réunion de Dead Can Dance pour une tournée en 2005 indique qu'elle a fini par se rendre compte qu'elle avait peut-être aussi une part de responsabilité dans cet échec. J'espère que ce retour aux sources aux côtés de Brendan Perry la remettra sur de bons rails, mais je ne peux m'empêcher d'en douter.

Clinic - Winchester Cathedral (Domino)
J'ai toujours été bien embêté lorsque je devais décrire la musique de Clinic. A l'époque de Internal Wrangler, c'était plus simple. Il suffisait de dire qu'ils faisaient du Radiohead. Depuis, les choses sont moins claires. On pourrait dire qu'il s'agit d'un hybride situé à mi-chemin entre Sonic Youth et Piano Magic (mais "on" se ferait alors reprendre de volée par les fans des uns et des autres). En fait, si j'ai tant de mal à décrire ce qu'ils font, c'est sans doute parce que je ne sais pas exactement ce qui m'y plait. Peut-être est-ce cette capacité à créer des riffs entêtants (comment ne pas dodeliner de la tête en écoutant Country Mile par exemple), ou bien ces orchestrations luxuriantes où quelques instruments inattendus viennent parfois pointer leurs anches ? En tout cas, les musiciens de Clinic ont un son qu'ils ne partagent avec personne, et ce nouvel album est pour moi bien meilleur que Walking with thee, qui m'avait pas mal déçu à l'époque.

Elizabeth Anka Vajagic - Stand with the stillness of this day (Constellation)
Pour un disque Constellation, c'est étonnamment immédiat. Je n'irai sans doute pas jusqu'à parler de disque pop, mais c'est en tout cas un vrai disque de chansons, constitué essentiellement de complaintes larmoyantes qui, sans crier gare, peuvent bifurquer vers des Godspeederies langoureuses, comme sur la plage 6, And The Sky Lay Still, par exemple. Sa manière de chanter avec une voix de gorge grave (on pense un peu à Transmissionary Six ou à PJ Harvey par exemple) sans avoir peur des excès de pathos (dégueulandos compris) rappelle la chanson de la scène du cabaret dans Mulholland Drive. De plus, et c'est souvent bon signe, c'est aussi bien en concert qu'en disque. (voir aussi ici)

mercredi, janvier 5

Les albums de 2004 (II)

Blonde Redhead - Misery is a butterfly (4AD)
Malgré la déception relative de l'album de Lisa Gerrard, 2004 a été plutôt une bonne année pour 4AD. La nouvelle tournée des Pixies a sans doute fait beaucoup pour doper les ventes de leurs anciens disques. L'album de TV on the radio semble squatter les premières places des classements d'un peu tout le monde (mais pas le mien). Le label a de plus annoncé la sortie d'un très attendu nouvel album de Scott Walker pour l'année prochaine. Ce n'est pas si mal pour un label que l'on annonce moribond depuis presque dix ans. Ils ont par ailleurs continué de proposer à des groupes ayant déjà fait leur preuve ailleurs de sortir un disque pour eux. Après Magnetophone, Piano Magic ou les Mountain Goats, c'est au tour des Sonic Youth Juniors de Blonde Redhead d'enfouir ainsi un de leurs disques dans un écrin V23. Ils en ont profité pour sortir leur album le plus mélodique. Les guitares s'y font plus discrètes et la voix haut perchée de Kazu se fait presque câline par moments. Une très bonne surprise.

The Killers - Hot Fuss (Lizard King)
Les Killers ont beaucoup pour eux. Ils sont américains et font de la musique anglaise, ce qui est déjà une belle preuve de bon goût. Ils marient ici à merveille synthés et guitares et créent un attachant hybride electro-indie comme je n'en avais plus entendu depuis longtemps, en fait depuis que, dans le petit monde du rock'n'roll, le dernier chic est d'enregistrer ses chansons en une prise sur un deux-pistes à Toerag. Ce retour à un son un peu plus complexe et synthétique me fait plaisir. De plus, le chanteur Brandon Flowers a un jour déclaré qu'il faudrait penser à remplacer sur le mont Rushmore les têtes de ces quatre présidents qui font la gueule par celles de Neil Tennant et de Chris Lowe (excellente idée... évidemment). Je partais donc avec une montagne d'a priori positifs, et la première moitié de l'album les confirme tous. Jenny was a friend of mine, Somebody Told me ou On Top sont des bombes pop comme on en a peu connus ces dernières années. Malheureusement, l'album comporte aussi des chansons plus lentes, où Brandon se met à couiner jusqu'à devenir franchement embarrassant (Indie Rock'n'Roll et Everything will be alright par exemple). Dommage.

Craig Armstrong - Piano Works (Sanctuary)
Le piano seul est à la mode cette année, de William Sheller (très bon disque) à Gonzales (pas encore écouté) en passant par Craig Armstrong qui nous propose ici quelques morceaux inédits et des réarrangements de morceaux qu'il avait produits et/ou écrits pour d'autres projets (Massive Attack ou les BO de Moulin Rouge et Romeo+Juliet par exemple). Le résultat est franchement enchanteur. On pense un peu à Brian Eno, à Philip Glass et à Wim Mertens, et très peu à Richard Claydermann, ce qui est plutôt bon signe. Peut-être parce que Craig Armstrong a l'intelligence de soigner sa production, de rajouter de-ci de-là quelques échos ou quelques vagues percussions, bref d'habiller son piano seul pour ne pas lasser. Certes, tout cela est très léger, fragile comme une bulle de savon, et on n'échappe pas toujours aux mélos sirupeux (Angelina par exemple est un peu trop sucré pour moi) mais à condition d'être consommé avec modération, cet album conservera un petit temps sa place dans ma pile de disques à mettre pour s'endormir.

mardi, janvier 4

Les albums de 2004 (I)

Faire son top de l'année est un exercice difficile, qui demande patience, rigueur et endurance. Je me suis donc astreint, quoique c'est plus un plaisir qu'une corvée, à écouter tous les disques de 2004 que j'ai achetés et à donner en quelques lignes mon impression. Ce ne sont pas des chroniques, juste un état de ce que je pense du disque en ce mois de janvier 2005. C'est tout à fait subjectif et pas exempt de mauvaise foi. Je les posterai dans les prochains jours, avant de tenter de faire un classement en bonne et due forme pour la fin du mois, à temps pour les NowPlaying Awards. Première fournée aujourd'hui.

Leonard Cohen - Dear Heather (Columbia)
Après un décevant 'Ten New Songs', que j'ai dû écouter trois fois en tout et pour tout, le bonze Leonard revient avec un nouvel album un chouïa plus consistant. Ce qui frappe de prime abord est à quel point ce disque 'sonne' bien. Là où ses précédents disques souffraient d'une production atroce, souvent à base de synthés bon marché et de choeurs féminins, ce disque présente un son beaucoup plus organique et délicat (peut-être a-t-il abandonné le synthé, à moins qu'il n'ait à coup de méditation transcendentale, trouvé le moyen d'utiliser un autre son que le 'Default Casio sound'). Le disque présente même deux petits chefs-d'oeuvre : un morceau authentiquement soul (The Letters), et Undertow, où le petit solo de trompette bouchée est tout simplement parfait. Dommage que le disque se dilue un peu par la suite. Comme souvent chez Cohen, c'est très beau mais un peu trop uniforme pour parvenir à maintenir mon attention tout du long. Je ne suis pas sûr non plus que son texte sur le 11 septembre soit ce qu'il a écrit de plus intéressant.

Interpol - Antics (Labels)
Depuis deux ans, tous les groupes qui avaient marqué en 2001 et 2002 le "révolution du rock" (marque déposée) reviennent pour nous refourguer une portion réchauffée de ce qu'ils avaient déjà fait à l'époque. En général, le public, qui en a vu d'autres, ne s'y est pas laissé prendre et les ont superbement snobés. The Strokes, Black Rebel Motorcycle Club, The Vines sont ainsi tous repartis la queue entre les jambes après que leurs disques aient été descendus avec joie par un peu tout le monde. En attendant la prochaine salve, avec les albums des Yeah Yeah Yeahs et des Kills, il faut bien reconnaître que, de toute cette clique, c'est sans doute Interpol qui s'en sort le mieux car, contrairement aux précédemment cités, ce nouvel album n'est pas sensiblement moins bon que le premier. Certains disent même qu'il est meilleur. Rien n'a fondamentalement changé pourtant. C'est toujours lugubre à souhait, ça décolle toujours bien comme il faut quand le refrain arrive. Non, vraiment, il n'y a pas à dire, c'est de la belle ouvrage. Pourtant, j'ai un peu de mal à m'enthousiasmer de nouveau. J'espère qu'ils vont enfin se décider à changer leur recette pour le troisième album.

Franz Ferdinand - Franz Ferdinand (Domino)
Le public ayant écouté des disques et dansé tout l'été, les albums sortis en début d'année se trouvèrent fort dépourvus une fois l'heure des bilans venue. Serait-il sorti il y a deux ou trois mois, ce disque serait sans doute plus haut dans le classement à venir. Là, après plusieurs mois d'exposition médiatique maximale, après des myriades de diffusions radio pour Take Me Out ou Michael, après un nombre de couvertures de magazines qui ferait rougir tous les candidats du Loft 1, le disque a perdu un peu de son facteur 'Waouw', celui qui permet de gagner sans peine des places dans les tops de fin d'année. Tout cela est remarquablement fait et l'album est bourré jusqu'à la gueule de chansons imparables, mais bon, l'enthousiasme est un peu retombé et tout le monde est déjà largement passé à autre chose, non ?