Blonde Redhead - Misery is a butterfly (4AD)
Malgré la déception relative de l'album de Lisa Gerrard, 2004 a été plutôt une bonne année pour 4AD. La nouvelle tournée des Pixies a sans doute fait beaucoup pour doper les ventes de leurs anciens disques. L'album de TV on the radio semble squatter les premières places des classements d'un peu tout le monde (mais pas le mien). Le label a de plus annoncé la sortie d'un très attendu nouvel album de Scott Walker pour l'année prochaine. Ce n'est pas si mal pour un label que l'on annonce moribond depuis presque dix ans. Ils ont par ailleurs continué de proposer à des groupes ayant déjà fait leur preuve ailleurs de sortir un disque pour eux. Après Magnetophone, Piano Magic ou les Mountain Goats, c'est au tour des Sonic Youth Juniors de Blonde Redhead d'enfouir ainsi un de leurs disques dans un écrin V23. Ils en ont profité pour sortir leur album le plus mélodique. Les guitares s'y font plus discrètes et la voix haut perchée de Kazu se fait presque câline par moments. Une très bonne surprise.
The Killers - Hot Fuss (Lizard King)
Les Killers ont beaucoup pour eux. Ils sont américains et font de la musique anglaise, ce qui est déjà une belle preuve de bon goût. Ils marient ici à merveille synthés et guitares et créent un attachant hybride electro-indie comme je n'en avais plus entendu depuis longtemps, en fait depuis que, dans le petit monde du rock'n'roll, le dernier chic est d'enregistrer ses chansons en une prise sur un deux-pistes à Toerag. Ce retour à un son un peu plus complexe et synthétique me fait plaisir. De plus, le chanteur Brandon Flowers a un jour déclaré qu'il faudrait penser à remplacer sur le mont Rushmore les têtes de ces quatre présidents qui font la gueule par celles de Neil Tennant et de Chris Lowe (excellente idée... évidemment). Je partais donc avec une montagne d'a priori positifs, et la première moitié de l'album les confirme tous. Jenny was a friend of mine, Somebody Told me ou On Top sont des bombes pop comme on en a peu connus ces dernières années. Malheureusement, l'album comporte aussi des chansons plus lentes, où Brandon se met à couiner jusqu'à devenir franchement embarrassant (Indie Rock'n'Roll et Everything will be alright par exemple). Dommage.
Craig Armstrong - Piano Works (Sanctuary)
Le piano seul est à la mode cette année, de William Sheller (très bon disque) à Gonzales (pas encore écouté) en passant par Craig Armstrong qui nous propose ici quelques morceaux inédits et des réarrangements de morceaux qu'il avait produits et/ou écrits pour d'autres projets (Massive Attack ou les BO de Moulin Rouge et Romeo+Juliet par exemple). Le résultat est franchement enchanteur. On pense un peu à Brian Eno, à Philip Glass et à Wim Mertens, et très peu à Richard Claydermann, ce qui est plutôt bon signe. Peut-être parce que Craig Armstrong a l'intelligence de soigner sa production, de rajouter de-ci de-là quelques échos ou quelques vagues percussions, bref d'habiller son piano seul pour ne pas lasser. Certes, tout cela est très léger, fragile comme une bulle de savon, et on n'échappe pas toujours aux mélos sirupeux (Angelina par exemple est un peu trop sucré pour moi) mais à condition d'être consommé avec modération, cet album conservera un petit temps sa place dans ma pile de disques à mettre pour s'endormir.
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