Un tribunal belge a condamné en novembre 2005 Madonna pour plagiat. Sa chanson Frozen (un de ses cinq meilleurs singles, toutes époques confondues) ressemblerait apparemment beaucoup à Ma vie fout le camp d'un certain Salvatore Acquaviva.
Je vous en parle aujourd'hui parce que la RTBF a consacré ce soir un reportage à l'affaire. Il fallait voir l'air gourmand que prenait l'éditeur d'Acquaviva lorsqu'il évoquait la centaine de millions d'euros de compensation auxquels il estimait avoir droit. Victoire de David contre Goliath ou cupidité maladive ? Je ne sais trop que penser. D'autant que je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi une seule ligne mélodique pourrait donner droit à la moitié ou la totalité des royalties d'une chanson qui fait plus de 4 minutes.
Vous pouvez aller écouter un extrait représentatif des deux morceaux ici. La ressemblance est indéniable mais je me demande si une ligne mélodique aussi pauvre est suffisamment originale pour justifier l'accusation de plagiat. Un beau cas d'école pour juristes en tout cas. De manière amusante, malgré le jugement du tribunal, les disques de Madonna contenant Frozen sont toujours en vente aujourd'hui en Belgique, malgré une astreinte de 150 000€.
Les avocats de Madonna auraient fait appel du jugement et les débats porteront sans doute sur sa présence en Belgique au début des années 80, à l'époque où les plaignants prétendent qu'un producteur lui aurait fait écouter Ma vie fout le camp.
Parce que la musique est une chose trop importante pour être laissée à ceux qui la prennent au sérieux.
lundi, février 27
Si c'est sur Internet, c'est forcément vrai.
vendredi, février 24
Deaf Center
Quand je découvre un nouvel artiste dans un billet qui mentionne à la fois Ryan Teague et Khonnor (extraits ici et là), je ne peux a priori qu'être intéressé et les mp3 proposés semblent à première vue justifier cet intérêt.
EDIT : En zappant ces derniers jours, je me suis rendu compte que le sport présent aux Jeux Olympiques d'hiver qui m'intéresse le plus est le curling. Ayant vu la fin de la finale dames hier, ce billet m'a évidemment sauté aux yeux... La chanson est franchement médiocre mais, dans le fond, c'est l'intention qui compte. Et puis, ce n'est pas comme si Zinedine était un chef-d'oeuvre.
EDIT : En zappant ces derniers jours, je me suis rendu compte que le sport présent aux Jeux Olympiques d'hiver qui m'intéresse le plus est le curling. Ayant vu la fin de la finale dames hier, ce billet m'a évidemment sauté aux yeux... La chanson est franchement médiocre mais, dans le fond, c'est l'intention qui compte. Et puis, ce n'est pas comme si Zinedine était un chef-d'oeuvre.
Dessy de là
Mon billet de la semaine sur la Blogothèque est consacré à Jean-Paul Dessy, un compositeur belge que j'ai vu interpréter deux de ses oeuvres à Liège il y a quelques semaines.
Sinon, et ça n'a rien à voir, j'ai décidé après quatre écoutes que le nouvel album des Sparks était à 85% formidable et donc bien meilleur que le très médiocre morceau diffusé en avant-première à la radio anglaise (Dick Around). Je vous en reparlerai sans doute plus longuement dans les prochaines semaines.
Sinon, et ça n'a rien à voir, j'ai décidé après quatre écoutes que le nouvel album des Sparks était à 85% formidable et donc bien meilleur que le très médiocre morceau diffusé en avant-première à la radio anglaise (Dick Around). Je vous en reparlerai sans doute plus longuement dans les prochaines semaines.
mercredi, février 22
Ma mission de la semaine...
...est de comprendre pourquoi j'écris toujours Susumo Yokota et pas Susumu Yokota comme le font tous les autres (et si vous cliquez, profitez-en pour écouter les extraits).
Il n'y a pourtant guère de doutes à avoir. Sans doute est-ce l'influence d'Akebono ou de Takanohana.
Il n'y a pourtant guère de doutes à avoir. Sans doute est-ce l'influence d'Akebono ou de Takanohana.
mardi, février 21
Top albums 2005
Comme quoi, il est possible de venir à bout de toutes les entreprises, même les plus absurdes. Je ne suis à vrai dire pas sûr de recommencer cette aventure l'année prochaine. Cela fait plus d'un mois que je n'écoute quasiment plus que des albums de 2005. C'est presque devenu un boulot à plein temps et j'en ai un peu marre. Cela dit, j'éprouve une réelle satisfaction à être arrivé au bout.
En tout état de cause, cela donne :
01. Rachel Stevens - Come and get it (Polydor)
02. Nits - Les Nuits (Werf/Sony-BMG)
03. Patrick Wolf - Wind in the wires (Tomlab)
04. Elbow - Leaders of the free world (V2)
05. Hard-Fi - Stars of CCTV (Necessary Records/Warner)
06. Brian Eno - Another Day On Earth (Opal/Rykodisc)
07. Paula Frazer - Leave the sad things behind (Birdman)
08. Super Furry Animals - Love Kraft (Rough Trade)
09. Ladytron - Witching Hour (Island)
10. Ryan Teague - Six preludes (Type)
11. Art Brut - Bang Bang Rock&Roll (Fierce Panda)
12. Wolf Parade - Apologies to the Queen Mary (Sub Pop)
13. Sunn O))) - Black One (Southern Lord)
14. The Coral - The Invisible Invasion (Deltasonic)
15. Tuco - The Shrinking Process (Robot!)
16. Low - The Great Destroyer (Rough Trade)
17. Sigur Ros - Takk (EMI)
18. Depeche Mode - Playing the angel (Mute)
19. Henrik Johansen - Vacker Utsikt (WERF)
20. Kate Bush - Aerial (EMI)
21. Madonna - Confessions On A Dance Floor (Warner)
22. Devendra Banhart - Cripple Crow (XL Recordings)
23. Bloc Party - Silent Alarm (Wichita/V2)
24. Missy Elliott - The Cookbook (Atlantic)
25. Amusement Parks On Fire - Amusement Parks On Fire (V2)
26. Juliet - Random Order (Virgin)
27. Arcade Fire - Funeral (Rough Trade)
28. McFly - Wonderland (Island/Universal)
29. War Against Sleep - Invitation To The Feast (Fire)
30. Magnolia Electric Co - What Comes After The Blues (Secretly Canadian)
31. Stuart A. Staples - Lucky Dog Recordings 03-04 (Beggars Banquet)
32. Cass McCombs - Prefection (4AD)
33. Tennant/Lowe - Battleship Potemkin (EMI Classics/Parlophone)
34. The Dead 60s - The Dead 60s (Delasonic)
35. Smog - A River Ain't Too Much To Love (Domino)
36. Rufus Wainwright - Want Two (Geffen)
37. ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - Worlds Apart (Interscope/Universal)
38. Will Young - Keep On (Sony BMG)
39. Adam Green - Gemstones (Rough Trade)
40. Bodies Without Organs (BWO) - Prototype (EMI Suède)
41. Kaiser Chiefs - Employment (B Unique/Polydor)
42. t.A.T.u - Dangerous and moving (Interscope/Universal)
43. Black Wire - Black Wire (48 Crash)
44. Antony and the Johnsons - I am a bird now (Secretly Canadian)
45. Richard Gotainer - La goutte au Pépère (Gatkess)
46. Silver Mt. Zion - Horses in the sky (Constellation)
47. Arab Strap - The Last Romance (Chemikal Underground)
48. Jay-Jay Johanson - Rush (Virgin/EMI)
49. Minotaur Shock - Maritime (4AD)
50. Rammstein - Rosenrot (Universal)
51. Björk - The Music from Matthew Barney's Drawing Restraint 9 (Wellhart/One Little Indian)
52. Boom Bip - Blue Eyed In The Red Room (Lex)
53. A-Ha - Analogue (Universal)
54. Daniel Lanois - Belladonna (Anti)
55. Lee Ryan - Lee Ryan (Brightside/Sony BMG)
56. Hanson - Underneath (Cooking Vinyl)
57. The Kills - No Wow (Domino)
58. Doves - Some Cities (Heavenly)
59. The Subways - Young for Eternity (Infectious Records)
60. Backstreet Boys - Never Gone (Jive)
Pour être complet, voici une liste des albums non classés (parce que non achetés) mais qui auraient mérité de l'être. L'ordre est approximatif :
Fifths of Seven - Spry From Bitter Anise Folds (Disques du Soleil et de l'Acier)
Gravenhurst - Fires in distant buildings (Warp)
Susum o u Yokota - Symbol (Lo Recordings)
Matt Elliott - Drinking Songs (Ici D'ailleurs)
Tarwater - The Needle was Travelling (Morr Music)
Sons and daughters - The Repulsion Box (Domino)
Ellen Allien - Thrills (Bpitch Control)
M.I.A. - Arular (XL Recordings)
En tout état de cause, cela donne :
01. Rachel Stevens - Come and get it (Polydor)
02. Nits - Les Nuits (Werf/Sony-BMG)
03. Patrick Wolf - Wind in the wires (Tomlab)
04. Elbow - Leaders of the free world (V2)
05. Hard-Fi - Stars of CCTV (Necessary Records/Warner)
06. Brian Eno - Another Day On Earth (Opal/Rykodisc)
07. Paula Frazer - Leave the sad things behind (Birdman)
08. Super Furry Animals - Love Kraft (Rough Trade)
09. Ladytron - Witching Hour (Island)
10. Ryan Teague - Six preludes (Type)
11. Art Brut - Bang Bang Rock&Roll (Fierce Panda)
12. Wolf Parade - Apologies to the Queen Mary (Sub Pop)
13. Sunn O))) - Black One (Southern Lord)
14. The Coral - The Invisible Invasion (Deltasonic)
15. Tuco - The Shrinking Process (Robot!)
16. Low - The Great Destroyer (Rough Trade)
17. Sigur Ros - Takk (EMI)
18. Depeche Mode - Playing the angel (Mute)
19. Henrik Johansen - Vacker Utsikt (WERF)
20. Kate Bush - Aerial (EMI)
21. Madonna - Confessions On A Dance Floor (Warner)
22. Devendra Banhart - Cripple Crow (XL Recordings)
23. Bloc Party - Silent Alarm (Wichita/V2)
24. Missy Elliott - The Cookbook (Atlantic)
25. Amusement Parks On Fire - Amusement Parks On Fire (V2)
26. Juliet - Random Order (Virgin)
27. Arcade Fire - Funeral (Rough Trade)
28. McFly - Wonderland (Island/Universal)
29. War Against Sleep - Invitation To The Feast (Fire)
30. Magnolia Electric Co - What Comes After The Blues (Secretly Canadian)
31. Stuart A. Staples - Lucky Dog Recordings 03-04 (Beggars Banquet)
32. Cass McCombs - Prefection (4AD)
33. Tennant/Lowe - Battleship Potemkin (EMI Classics/Parlophone)
34. The Dead 60s - The Dead 60s (Delasonic)
35. Smog - A River Ain't Too Much To Love (Domino)
36. Rufus Wainwright - Want Two (Geffen)
37. ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - Worlds Apart (Interscope/Universal)
38. Will Young - Keep On (Sony BMG)
39. Adam Green - Gemstones (Rough Trade)
40. Bodies Without Organs (BWO) - Prototype (EMI Suède)
41. Kaiser Chiefs - Employment (B Unique/Polydor)
42. t.A.T.u - Dangerous and moving (Interscope/Universal)
43. Black Wire - Black Wire (48 Crash)
44. Antony and the Johnsons - I am a bird now (Secretly Canadian)
45. Richard Gotainer - La goutte au Pépère (Gatkess)
46. Silver Mt. Zion - Horses in the sky (Constellation)
47. Arab Strap - The Last Romance (Chemikal Underground)
48. Jay-Jay Johanson - Rush (Virgin/EMI)
49. Minotaur Shock - Maritime (4AD)
50. Rammstein - Rosenrot (Universal)
51. Björk - The Music from Matthew Barney's Drawing Restraint 9 (Wellhart/One Little Indian)
52. Boom Bip - Blue Eyed In The Red Room (Lex)
53. A-Ha - Analogue (Universal)
54. Daniel Lanois - Belladonna (Anti)
55. Lee Ryan - Lee Ryan (Brightside/Sony BMG)
56. Hanson - Underneath (Cooking Vinyl)
57. The Kills - No Wow (Domino)
58. Doves - Some Cities (Heavenly)
59. The Subways - Young for Eternity (Infectious Records)
60. Backstreet Boys - Never Gone (Jive)
Pour être complet, voici une liste des albums non classés (parce que non achetés) mais qui auraient mérité de l'être. L'ordre est approximatif :
Fifths of Seven - Spry From Bitter Anise Folds (Disques du Soleil et de l'Acier)
Gravenhurst - Fires in distant buildings (Warp)
Susum
Matt Elliott - Drinking Songs (Ici D'ailleurs)
Tarwater - The Needle was Travelling (Morr Music)
Sons and daughters - The Repulsion Box (Domino)
Ellen Allien - Thrills (Bpitch Control)
M.I.A. - Arular (XL Recordings)
lundi, février 20
Les albums de 2005 (XIX)
Amusement Parks On Fire - Amusement Parks On Fire (V2)
Rares sont les albums qui peuvent se vanter d'avoir connu trois sorties différentes. Il a paru pour la première fois en 2004, a été réédité en 2005 et connaîtrait, si j'en crois Amazon, une nouvelle sortie ces jours-ci. Un tel acharnement dans la promotion signifie en général que la maison de disques pense que le disque n'a pas encore "réalisé son plein potentiel" commercial et espère qu'une nouvelle sortie (et donc nouvelles chroniques presse et nouvelle visibilité dans les rayons des disquaires) pourrait arranger les choses. En général, c'est peine perdue, comme le prouvent par exemple le premier album de Rachel Stevens et l'album des Stills. Cela dit, je comprends bien la frustration du label. Le nom du groupe est formidable, le leader a un look qui évoque à la fois Kurt Cobain et Patrick Wolf. De plus, leur album respecte scrupuleusement le cahier des charges du parfait petit succès indé : mélodies efficaces, influences évidentes et prestigieuses (ici My Bloody Valentine, pour aller vite) et un imposant mur de guitares. Franchement, si de nous jours tous ces efforts ne suffisent plus à garantir la une du NME, c'est à désespérer de tout. Etait-il possible de faire chanson plus resserrée que Venus in Cancer (tellement formidable qu'elle me fait penser à One Great Summer d'Amplifier) ? Les mouvements de convection à l'intérieur du magma de guitares qui sert de toile de fond à Venosa pouvaient-ils être encore plus fascinants ? Un interlude pour piano peut-il être encore plus trognon et annonciateur de tempête que ne l'est Asphalt ? Et un final peut-il être plus Mogwaïment noisy que ne l'est Local Boy Makes God ? La réponse à ces questions est sans doute non et pourtant, on ne peut pas dire que cet album ait connu un succès triomphal. Nous vivons décidément dans un monde plein d'incertitudes.
Kate Bush - Aerial (EMI)
Ce nouvel album est sans doute le disque que j'ai attendu avec le plus d'impatience en 2005. Bien que j'aie une connaissance au fond assez superficielle de l'oeuvre de Kate Bush (je connais à vrai dire surtout la compilation The Whole Story), je l'ai toujours tenue en haute estime, en partie par atavisme familial. Du coup, j'ai un peu de mal à me faire une opinion neutre sur Aerial et à dépasser le simple sentiment de sidération ("Waow ! Un nouvel album de Kate Bush ! 12 ans après le précédent ! Dingue !") et j'éprouve une étrange répugnance à me forger une opinion dans un sens ou dans l'autre. Je ne peux pas dire que je sois déçu car la pop lyrique et légèrement barrée de Kate Bush semble toujours aussi extra-terrestre eb 2005 et je prends un réel plaisir à écouter Aerial. Pourtant, je ne dirais pas non plus que ce disque m'enthousiasme, sans doute parce qu'il ne surprend jamais. Fallait-il vraiment 12 ans à Kate Bush pour faire exactement l'album que l'on attendait d'elle ? Comme sur The Hounds of Love, la première moitié de l'album est une collection de chansons et la deuxième une longe pièce divisée en mouvements, avec cris d'oiseaux, paroles d'enfants et rires hystériques. Le léger grain de folie que ses fans considèrent en général comme la marque de son "génie" parcourt également tout l'album, par exemple lorsqu'elle utilise des instruments de la Renaissance sur Bertie, chante les 100 premières décimales du nombre Pi dans, euh..., Pi ou consacre une ode à sa machine à laver (Mrs Bartolozzi). Je suppose que si cet album était l'oeuvre d'une chanteuse débutante, il aurait évidemment été une des très bonnes surprises de l'année. Venant de Kate Bush, il finit bizarrement par être une sorte de non-événement, un non-événement plein de qualités mais un non-événement quand même.
Bloc Party - Silent Alarm (Wichita/V2)
Dans la grande famille des nouveaux groupes indés britanniques en deux mots de cinq lettres ou moins, je demande l'aîné. A l'instar de ses petits frères Hard-Fi et Art Brut, Bloc Party a plutôt connu une bonne année 2005, sans doute en partie parce que leur premier album abrite une impressionnante collection de singles (réels ou en puissance) : Helicopter, Banquet, Positive Tension, So Here We Are, pour ne citer que les meilleurs. Les membres de Bloc Party osent prendre un peu plus de libertés avec les recettes éprouvées que la moyenne de leurs contemporains(Kaiser Chiefs ou Hard-Fi en tête), comme par exemple sur l'intro de Price of Gasoline ou la partie centrale de She's Hearing Voices, et cela se révèle souvent payant. On trouve ici une attention aux "atmosphères" qui vient compléter et parfois pervertir la quête du tube qui semble l'obsession unique (et légitime) de la plupart des groupes du genre. La voix de Kele Okereke apporte également des inflexions inédites, une forme de swing vaguement chaloupé qui vient légèrement gauchir la mécanique bien huilée du rock indé briton et évoque parfois John Lydon (période P.I.L.). Pourtant, c'est un disque que j'admire plus que je ne l'aime. Il m'impressionne mais ne me parle pas aux tripes et je n'ai à vrai dire pas très souvent envie de le réécouter. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû mais bon leur avenir est assuré et ce n'est pas comme si ils avaient absolument besoin de ma dévotion pour continuer leur carrière. A lire les interviews récentes du groupe, je suis en tout cas curieux de voir à quoi ressemblera leur second album.
War Against Sleep - Invitation To The Feast (Fire)
Lorsque j'avais mentionné (ici) le formidable EP Borderline Personality, je m'étais réjoui à l'idée d'écouter l'album entier et une bonne moitié de Invitation to the Feast justifie a posteriori cette impatience. Changing of the Seasons est une ballade folk maniériste (en grande partie à cause de la voix) dont la simplicité est assez irrésistible. Song of songs est le genre de chansons que Scott Walker serait bien inspiré de mettre sur son prochain album et Bedminster Parade est une ballade au piano (tout est dit). Tout n'est malheureusement pas du même niveau. Je cherche toujours une raison d'être à Damaged Woman et une chanson comme Puppies and Kittens (ce titre !) tombe du mauvais côté de la frontière séparant le 'délicieusement twee' du 'péniblement niais'. Cela dit, plus encore que ces deux-trois chansons moins intéressantes, le problème de cet album est peut-être que le charme indéniable de la musique de War Against Sleep fonctionne surtout à petites doses (pour moi en tout cas) et perd de sa potence quand il se retrouve dilué sur 11 morceaux. Les fans de notes de pochette seront ravis d'apprendre qu'on retrouve sur cet album Nick Talbot (Gravenhurst, dont l'album est une des très bonnes surprises de 2005) et Roisin Murphy. Pour finir, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi on entend un public applaudir sur un titre en plein milieu du disque. Ca me donne l'impression d'entendre un album téléchargé en avant-première sur eMule.
That's all, folks!
Rares sont les albums qui peuvent se vanter d'avoir connu trois sorties différentes. Il a paru pour la première fois en 2004, a été réédité en 2005 et connaîtrait, si j'en crois Amazon, une nouvelle sortie ces jours-ci. Un tel acharnement dans la promotion signifie en général que la maison de disques pense que le disque n'a pas encore "réalisé son plein potentiel" commercial et espère qu'une nouvelle sortie (et donc nouvelles chroniques presse et nouvelle visibilité dans les rayons des disquaires) pourrait arranger les choses. En général, c'est peine perdue, comme le prouvent par exemple le premier album de Rachel Stevens et l'album des Stills. Cela dit, je comprends bien la frustration du label. Le nom du groupe est formidable, le leader a un look qui évoque à la fois Kurt Cobain et Patrick Wolf. De plus, leur album respecte scrupuleusement le cahier des charges du parfait petit succès indé : mélodies efficaces, influences évidentes et prestigieuses (ici My Bloody Valentine, pour aller vite) et un imposant mur de guitares. Franchement, si de nous jours tous ces efforts ne suffisent plus à garantir la une du NME, c'est à désespérer de tout. Etait-il possible de faire chanson plus resserrée que Venus in Cancer (tellement formidable qu'elle me fait penser à One Great Summer d'Amplifier) ? Les mouvements de convection à l'intérieur du magma de guitares qui sert de toile de fond à Venosa pouvaient-ils être encore plus fascinants ? Un interlude pour piano peut-il être encore plus trognon et annonciateur de tempête que ne l'est Asphalt ? Et un final peut-il être plus Mogwaïment noisy que ne l'est Local Boy Makes God ? La réponse à ces questions est sans doute non et pourtant, on ne peut pas dire que cet album ait connu un succès triomphal. Nous vivons décidément dans un monde plein d'incertitudes.
Kate Bush - Aerial (EMI)
Ce nouvel album est sans doute le disque que j'ai attendu avec le plus d'impatience en 2005. Bien que j'aie une connaissance au fond assez superficielle de l'oeuvre de Kate Bush (je connais à vrai dire surtout la compilation The Whole Story), je l'ai toujours tenue en haute estime, en partie par atavisme familial. Du coup, j'ai un peu de mal à me faire une opinion neutre sur Aerial et à dépasser le simple sentiment de sidération ("Waow ! Un nouvel album de Kate Bush ! 12 ans après le précédent ! Dingue !") et j'éprouve une étrange répugnance à me forger une opinion dans un sens ou dans l'autre. Je ne peux pas dire que je sois déçu car la pop lyrique et légèrement barrée de Kate Bush semble toujours aussi extra-terrestre eb 2005 et je prends un réel plaisir à écouter Aerial. Pourtant, je ne dirais pas non plus que ce disque m'enthousiasme, sans doute parce qu'il ne surprend jamais. Fallait-il vraiment 12 ans à Kate Bush pour faire exactement l'album que l'on attendait d'elle ? Comme sur The Hounds of Love, la première moitié de l'album est une collection de chansons et la deuxième une longe pièce divisée en mouvements, avec cris d'oiseaux, paroles d'enfants et rires hystériques. Le léger grain de folie que ses fans considèrent en général comme la marque de son "génie" parcourt également tout l'album, par exemple lorsqu'elle utilise des instruments de la Renaissance sur Bertie, chante les 100 premières décimales du nombre Pi dans, euh..., Pi ou consacre une ode à sa machine à laver (Mrs Bartolozzi). Je suppose que si cet album était l'oeuvre d'une chanteuse débutante, il aurait évidemment été une des très bonnes surprises de l'année. Venant de Kate Bush, il finit bizarrement par être une sorte de non-événement, un non-événement plein de qualités mais un non-événement quand même.
Bloc Party - Silent Alarm (Wichita/V2)
Dans la grande famille des nouveaux groupes indés britanniques en deux mots de cinq lettres ou moins, je demande l'aîné. A l'instar de ses petits frères Hard-Fi et Art Brut, Bloc Party a plutôt connu une bonne année 2005, sans doute en partie parce que leur premier album abrite une impressionnante collection de singles (réels ou en puissance) : Helicopter, Banquet, Positive Tension, So Here We Are, pour ne citer que les meilleurs. Les membres de Bloc Party osent prendre un peu plus de libertés avec les recettes éprouvées que la moyenne de leurs contemporains(Kaiser Chiefs ou Hard-Fi en tête), comme par exemple sur l'intro de Price of Gasoline ou la partie centrale de She's Hearing Voices, et cela se révèle souvent payant. On trouve ici une attention aux "atmosphères" qui vient compléter et parfois pervertir la quête du tube qui semble l'obsession unique (et légitime) de la plupart des groupes du genre. La voix de Kele Okereke apporte également des inflexions inédites, une forme de swing vaguement chaloupé qui vient légèrement gauchir la mécanique bien huilée du rock indé briton et évoque parfois John Lydon (période P.I.L.). Pourtant, c'est un disque que j'admire plus que je ne l'aime. Il m'impressionne mais ne me parle pas aux tripes et je n'ai à vrai dire pas très souvent envie de le réécouter. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû mais bon leur avenir est assuré et ce n'est pas comme si ils avaient absolument besoin de ma dévotion pour continuer leur carrière. A lire les interviews récentes du groupe, je suis en tout cas curieux de voir à quoi ressemblera leur second album.
War Against Sleep - Invitation To The Feast (Fire)
Lorsque j'avais mentionné (ici) le formidable EP Borderline Personality, je m'étais réjoui à l'idée d'écouter l'album entier et une bonne moitié de Invitation to the Feast justifie a posteriori cette impatience. Changing of the Seasons est une ballade folk maniériste (en grande partie à cause de la voix) dont la simplicité est assez irrésistible. Song of songs est le genre de chansons que Scott Walker serait bien inspiré de mettre sur son prochain album et Bedminster Parade est une ballade au piano (tout est dit). Tout n'est malheureusement pas du même niveau. Je cherche toujours une raison d'être à Damaged Woman et une chanson comme Puppies and Kittens (ce titre !) tombe du mauvais côté de la frontière séparant le 'délicieusement twee' du 'péniblement niais'. Cela dit, plus encore que ces deux-trois chansons moins intéressantes, le problème de cet album est peut-être que le charme indéniable de la musique de War Against Sleep fonctionne surtout à petites doses (pour moi en tout cas) et perd de sa potence quand il se retrouve dilué sur 11 morceaux. Les fans de notes de pochette seront ravis d'apprendre qu'on retrouve sur cet album Nick Talbot (Gravenhurst, dont l'album est une des très bonnes surprises de 2005) et Roisin Murphy. Pour finir, je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi on entend un public applaudir sur un titre en plein milieu du disque. Ca me donne l'impression d'entendre un album téléchargé en avant-première sur eMule.
That's all, folks!
vendredi, février 17
Les albums de 2005 (XVIII)
Will Young - Keep On (Sony BMG)
On va encore m'accuser d'être un dangereux anglopathe mais, pour prendre conscience du fossé qualitatif séparant les cultures pop française et anglaise, il suffit de regarder ces emblèmes de la culture de masse que sont les chanteurs et groupes issus de la téléréalité. D'un côté, Girls Aloud. Et de l'autre L5. D'un côté, Grégory Lemarchal. Et de l'autre Will Young qui, après un inécoutable premier album de karaoké dégoulinant, s'est fixé le louable objectif de devenir la première "solo star" issue de la télé-réalité a acquérir une certaine crédibilité artistique. Son deuxième album avait déjà surpris grâce à deux-trois épatantes chansons pop (Leave Right Now et Your Game principalement), celui-ci est encore un peu meilleur. Le premier single Switch it on est le fils bâtard du Faith de George Michael et du Suicide Blonde d'INXS mais parvient malgré cette hérédité chargée à être rigoureusement formidable. Happiness est une reprise de la chanson homonyme de Shawn Lee (top crédibilité) et All Time Love est le nouveau Leave Right Now, c'est-à-dire une ballade au piano (je suis foutu) pour faire pleurer les ménagères de moins de 50 ans dans les chaumières. Le reste de l'album se compose de chansons mid-tempo dont l'instrumentation vaguement jazzy et les tapis de cordes élégants ont été conçus en laboratoire pour plaire au plus grand nombre. Certes, il n'y a donc sur cet album que trois ou quatre très bonnes chansons mais si Will Young continue à progresser au même rythme, il est bien parti pour jouer les premières places dans mon top albums 2019. Je me réjouis d'avance. Par ailleurs, les fondus de ressemblance (et les avocats de Richard Gotainer), écouteront avec intérêt Madness qui présente une parenté troublante avec Le dindon du susnommé.
Magnolia Electric Co - What Comes After The Blues (Secretly Canadian)
Songs:Ohia ayant apparemment fait son temps (?), Jason Molina a décidé de former un nouveau groupe pour enregistrer ses chansons. Cependant, comme il ne veut pas froisser ses musiciens ni s'aliéner son public, il a décidé de donner à ce nouveau projet le nom du (avant-?)dernier album de Songs:Ohia et d'y employer en gros les mêmes musiciens. Quel que soit l'angle sous lequel on examine ce changement de nom, il faut donc bien y voir une grande part de foutage de gueule, mais après tout pourquoi pas ? Le changement de nom est un peu ici l'équivalent du changement d'entraîneur pour un club de football : l'occasion de faire croire que tout va être différent quand bien même l'essentiel restera rigoureusement inchangé. Ici, cet immobilisme de fait me convient plutôt bien puisque j'étais en fait assez content de la manière dont le RC Songs:Ohia avait géré ses précédentes saisons (Ghost Tropic est un petit bijou par exemple). On retrouve sur cet album une country alternative plutôt plus nerveuse que celle de Paula Frazer (à laquelle on pense en entendant la voix de Jennie Benford) mais infiniment moins pénible que l'album live foireux de Bonnie 'prince' Billy dont j'ai parlé il y a quelques semaines. Je n'ai à vrai dire pas grand-chose d'autre à dire de cet album et comme ces chroniques systématiques des albums de 2005 commencent à me courir tout doucement sur le haricot, je ne vais pas me forcer. Les fanatiques des notes de pochette noteront avec plaisir que l'album a été produit par Steve Albini, ce qui impressionne toujours.
Tuco - The Shrinking Process (Robot!)
La commande de disques sur Internet est une invention merveilleuse mais elle mène parfois à quelques étranges surprises, comme par exemple de recevoir un jour dans sa boîte aux lettres un disque inconnu sorti sur un label inconu et arborant fièrement un nom de groupe qui n'éveille pas le moindre souvenir. Je suppose que lorsque j'ai commandé ce disque, j'avais de bonnes raisons de le faire. Sans doute avais-je lu une chronique dithyrambique ou simplement intrigante dans le NME ou les Inrocks. Sans doute m'étais-je aussi dit que, à ce prix-là, il valait mieux acheter directement le CD que de passer des heures à le pister sur les réseaux p2p. Sans doute aussi, de reports en retards, la commande fut-elle envoyée plusieurs semaines après la lecture de cette chronique, alors que le souvenir s'en était depuis longtemps estompé. Mais qu'importe, quelles qu'aient été les circonstances, le résultat est là : je tiens entre les mains un CD que j'ai acheté mais dont je ne sais rien. Première constatation, l'objet est très beau avec sa pochette en carton bleue entouré d'un gros élastique blanc marqué des lettres TUCO. Deuxième constatation, avec ses 24 minutes et ses 6 morceaux, le disque n'est pas bien long (ce qui explique sans doute le prix très bas). Troisième constatation, le groupe est britannique et possède un site web ici. Quatrième constatation, c'est franchement pas mal du tout. Ce son très clair, cette forme d'indie-pop légère et sophistiquée me rappellent vaguement la double compilation Rocket Girl sortie en 2001 (à moins que ce ne soit simplement à cause de la couleur de la pochette, je ne suis pas à l'abri des analogies foireuses). Les influences semblent multiples, et parfois contradictoires : l'alt-country pour les deux premiers tiers de Can't tell et le shoegazing pour le dernier tiers ou I don't mind (qui rappelle Folly de Engineers), Blur ou Pulp pour All transition. Je serais très curieux de retrouver la chronique qui m'a donné envie d'écouter ce disque. Elle vous aurait sans doute donné plus envie que celle-ci. Plusieurs morceaux sont en écoute sur leur site.
PS : RHAAAAAAA ! Plus qu'un. (excusez-moi, c'est l'émotion)
On va encore m'accuser d'être un dangereux anglopathe mais, pour prendre conscience du fossé qualitatif séparant les cultures pop française et anglaise, il suffit de regarder ces emblèmes de la culture de masse que sont les chanteurs et groupes issus de la téléréalité. D'un côté, Girls Aloud. Et de l'autre L5. D'un côté, Grégory Lemarchal. Et de l'autre Will Young qui, après un inécoutable premier album de karaoké dégoulinant, s'est fixé le louable objectif de devenir la première "solo star" issue de la télé-réalité a acquérir une certaine crédibilité artistique. Son deuxième album avait déjà surpris grâce à deux-trois épatantes chansons pop (Leave Right Now et Your Game principalement), celui-ci est encore un peu meilleur. Le premier single Switch it on est le fils bâtard du Faith de George Michael et du Suicide Blonde d'INXS mais parvient malgré cette hérédité chargée à être rigoureusement formidable. Happiness est une reprise de la chanson homonyme de Shawn Lee (top crédibilité) et All Time Love est le nouveau Leave Right Now, c'est-à-dire une ballade au piano (je suis foutu) pour faire pleurer les ménagères de moins de 50 ans dans les chaumières. Le reste de l'album se compose de chansons mid-tempo dont l'instrumentation vaguement jazzy et les tapis de cordes élégants ont été conçus en laboratoire pour plaire au plus grand nombre. Certes, il n'y a donc sur cet album que trois ou quatre très bonnes chansons mais si Will Young continue à progresser au même rythme, il est bien parti pour jouer les premières places dans mon top albums 2019. Je me réjouis d'avance. Par ailleurs, les fondus de ressemblance (et les avocats de Richard Gotainer), écouteront avec intérêt Madness qui présente une parenté troublante avec Le dindon du susnommé.
Magnolia Electric Co - What Comes After The Blues (Secretly Canadian)
Songs:Ohia ayant apparemment fait son temps (?), Jason Molina a décidé de former un nouveau groupe pour enregistrer ses chansons. Cependant, comme il ne veut pas froisser ses musiciens ni s'aliéner son public, il a décidé de donner à ce nouveau projet le nom du (avant-?)dernier album de Songs:Ohia et d'y employer en gros les mêmes musiciens. Quel que soit l'angle sous lequel on examine ce changement de nom, il faut donc bien y voir une grande part de foutage de gueule, mais après tout pourquoi pas ? Le changement de nom est un peu ici l'équivalent du changement d'entraîneur pour un club de football : l'occasion de faire croire que tout va être différent quand bien même l'essentiel restera rigoureusement inchangé. Ici, cet immobilisme de fait me convient plutôt bien puisque j'étais en fait assez content de la manière dont le RC Songs:Ohia avait géré ses précédentes saisons (Ghost Tropic est un petit bijou par exemple). On retrouve sur cet album une country alternative plutôt plus nerveuse que celle de Paula Frazer (à laquelle on pense en entendant la voix de Jennie Benford) mais infiniment moins pénible que l'album live foireux de Bonnie 'prince' Billy dont j'ai parlé il y a quelques semaines. Je n'ai à vrai dire pas grand-chose d'autre à dire de cet album et comme ces chroniques systématiques des albums de 2005 commencent à me courir tout doucement sur le haricot, je ne vais pas me forcer. Les fanatiques des notes de pochette noteront avec plaisir que l'album a été produit par Steve Albini, ce qui impressionne toujours.
Tuco - The Shrinking Process (Robot!)
La commande de disques sur Internet est une invention merveilleuse mais elle mène parfois à quelques étranges surprises, comme par exemple de recevoir un jour dans sa boîte aux lettres un disque inconnu sorti sur un label inconu et arborant fièrement un nom de groupe qui n'éveille pas le moindre souvenir. Je suppose que lorsque j'ai commandé ce disque, j'avais de bonnes raisons de le faire. Sans doute avais-je lu une chronique dithyrambique ou simplement intrigante dans le NME ou les Inrocks. Sans doute m'étais-je aussi dit que, à ce prix-là, il valait mieux acheter directement le CD que de passer des heures à le pister sur les réseaux p2p. Sans doute aussi, de reports en retards, la commande fut-elle envoyée plusieurs semaines après la lecture de cette chronique, alors que le souvenir s'en était depuis longtemps estompé. Mais qu'importe, quelles qu'aient été les circonstances, le résultat est là : je tiens entre les mains un CD que j'ai acheté mais dont je ne sais rien. Première constatation, l'objet est très beau avec sa pochette en carton bleue entouré d'un gros élastique blanc marqué des lettres TUCO. Deuxième constatation, avec ses 24 minutes et ses 6 morceaux, le disque n'est pas bien long (ce qui explique sans doute le prix très bas). Troisième constatation, le groupe est britannique et possède un site web ici. Quatrième constatation, c'est franchement pas mal du tout. Ce son très clair, cette forme d'indie-pop légère et sophistiquée me rappellent vaguement la double compilation Rocket Girl sortie en 2001 (à moins que ce ne soit simplement à cause de la couleur de la pochette, je ne suis pas à l'abri des analogies foireuses). Les influences semblent multiples, et parfois contradictoires : l'alt-country pour les deux premiers tiers de Can't tell et le shoegazing pour le dernier tiers ou I don't mind (qui rappelle Folly de Engineers), Blur ou Pulp pour All transition. Je serais très curieux de retrouver la chronique qui m'a donné envie d'écouter ce disque. Elle vous aurait sans doute donné plus envie que celle-ci. Plusieurs morceaux sont en écoute sur leur site.
PS : RHAAAAAAA ! Plus qu'un. (excusez-moi, c'est l'émotion)
Tiens, ça faisait longtemps
Mon billet de la semaine sur la Blogothèque est consacré à Pearls Before Swine, que certains d'entre vous connaissent peut-être comme les auteurs de The Jeweller, excellemment repris sur le deuxième album de This Mortal Coil.
jeudi, février 16
Pendant ce temps,
- on découvre que des jeunes acteurs peuvent faire de la musique intéressante, comme le prouve Reeve Carney ici.
- L'Anonyme de Chateau Rouge continue à se fâcher avec tous ceux qui aiment les années 80 là.
- Stylusmagazine se réjouit que Kate Bush soit devenue 'cool'
- copy-right propose des chansons de Christina Aguilera (à la sauce Bon Jovi) et des Men Without Hats (à la sauce épileptique)
- L'Anonyme de Chateau Rouge continue à se fâcher avec tous ceux qui aiment les années 80 là.
- Stylusmagazine se réjouit que Kate Bush soit devenue 'cool'
- copy-right propose des chansons de Christina Aguilera (à la sauce Bon Jovi) et des Men Without Hats (à la sauce épileptique)
Les albums de 2005 (XVII)
Sunn O))) - Black One (Southern Lord)
Imaginons un instant que l'on définisse l'ambient comme un type de musique fonctionnant par imprégnation, comme un bain sonore où la notion de temps n'existerait plus et dans lequel l'auditeur serait invité à s'immerger et à se fondre. L'ambient s'opposerait alors à tous les autres genres musicaux dont l'écoute nécessite de suivre un déroulement temporel imposé par le compositeur. Si on accepte cette définition, Sunn O))) est indéniablement un des meilleurs groupes ambient actuels. La musique produite par Greg Anderson et Stephen O'Malley a beau être fondamentalement différente des miniatures synthétiques diaphanes de Brian Eno ou de Future Sound of London, je l'écoute dans le même état d'esprit. Les hurlement étouffés de Wrost et Malefic, les lents accords de guitare saturée qui résonnent à l'infini et les touches d'electronoise de cette vieille baderne de John Wiese se combinent pour former un univers sonore parfaitement cohérent et immédiatement identifiable. Ce nouvel album n'est d'ailleurs pas très différent du précédent, que j'aimais déjà beaucoup. Le meilleur morceau est clairement pour moi Cry for the Weeper où les infra-basses habituelles du groupe alternent avec des sons de synthés plus aigus et des bruits de cloches presque joyeux (à leur échelle). En fait, j'aime Sunn O))) (ou dans un genre proche Pan Sonic) parce que leur musique ne ressemble à rien de connu (par moi en tout cas) et fait constamment appel à mon imaginaire. Je suis incapable de l'écouter sans avoir aussitôt l'esprit envahi d'images, et ça, c'est une qualité précieuse.
Cass McCombs - Prefection (4AD)
Rares sont les artistes dont on peut dire sans l'ombre d'une hésitation qu'ils s'améliorent avec le temps. Le premier album de Cass McCombs, gentiment insipide, ne m'avait laissé aucune impression durable et je n'attendais donc pas grand chose du deuxième. J'avais tort car il est bourré de tubes indie-pop à guitares (Equinox, Substraction, Multiple Suns, She's still suffering ou All your dreams may come true) qui évoquent tour à tour les Flaming Lips, The Music, The Charlatans, Cure, Beck, Roxy Music, Belle and Sebastian et plein d'autres. D'ailleurs, Morrissey ayant pris des vacances en 2005, Sacred Heart remporte haut la main mon prix de la meilleure chanson des Smiths de l'année. Malheureusement, ce disque donne parfois l'impression de n'être qu'une compilation de démos et cette impressionnante collection de joyaux pop forme au final un album légèrement frustrant. La voix de Cass McCombs par exemple manque de personnalité et tend à affadir les mélodies et certains arrangements mériteraient un peu plus d'ampleur. Cela dit, ça reste une excellente surprise.
Backstreet Boys - Never Gone (Jive)
Dans le domaine de la pop commerciale, les grands retours médiatiquement orchestrés font en général long feu (pauvres Duran Duran), et celui-ci ne fait pas exception. Tentant de se fondre dans l'air du temps, le groupe a abandonné la pop synthétique de leurs meilleurs années (leur album Millennium reste un modèle du genre) pour une forme assez terrifiante d'emo-pop à guitares. On est souvent très proche de ce que les anglo-saxons appellent la "power-ballad" (quelque part entre Crazy d'Aerosmith et Feel de Robbie Williams). Je dois dire d'emblée que Never Gone est dans l'ensemble un très mauvais disque et j'en parle ici uniquement pour pouvoir dire un mot de leur single Incomplete, pour lequel je me suis pris pendant plusieurs semaines d'une passion irrationnelle. Ma cousine (autre victime de l'envoûtement que ce morceau exerce) prétend que je suis incapable de résister à une intro au piano et elle a sans doute en partie raison (j'ai également éprouvé par le passé de coupables indulgences pour Bruce Hornsby & the Range ou Beverley Craven). En fait, Incomplete parvient à tenir un équilibre difficile : suffisamment grotesque pour faire sourire les cyniques, mais pas assez pour basculer complètement dans le ridicule. C'est typiquement le genre de chansons que l'on se surprend à chantonner dans les allées de son supermarché (jugez par vous-mêmes ici). Stylusmagazine l'avait placée 24ème dans son classement des meilleurs singles de 2005, entre Feist et Bloc Party, et c'est une place qui lui convient parfaitement. Je sauve également de l'album Climbing the Walls (écrite par Max Martin) mais le reste ira rejoindre les oeuvres complètes de Boyzone et de Westlife dans les poubelles de l'histoire.
(courage, plus que deux billets)
Imaginons un instant que l'on définisse l'ambient comme un type de musique fonctionnant par imprégnation, comme un bain sonore où la notion de temps n'existerait plus et dans lequel l'auditeur serait invité à s'immerger et à se fondre. L'ambient s'opposerait alors à tous les autres genres musicaux dont l'écoute nécessite de suivre un déroulement temporel imposé par le compositeur. Si on accepte cette définition, Sunn O))) est indéniablement un des meilleurs groupes ambient actuels. La musique produite par Greg Anderson et Stephen O'Malley a beau être fondamentalement différente des miniatures synthétiques diaphanes de Brian Eno ou de Future Sound of London, je l'écoute dans le même état d'esprit. Les hurlement étouffés de Wrost et Malefic, les lents accords de guitare saturée qui résonnent à l'infini et les touches d'electronoise de cette vieille baderne de John Wiese se combinent pour former un univers sonore parfaitement cohérent et immédiatement identifiable. Ce nouvel album n'est d'ailleurs pas très différent du précédent, que j'aimais déjà beaucoup. Le meilleur morceau est clairement pour moi Cry for the Weeper où les infra-basses habituelles du groupe alternent avec des sons de synthés plus aigus et des bruits de cloches presque joyeux (à leur échelle). En fait, j'aime Sunn O))) (ou dans un genre proche Pan Sonic) parce que leur musique ne ressemble à rien de connu (par moi en tout cas) et fait constamment appel à mon imaginaire. Je suis incapable de l'écouter sans avoir aussitôt l'esprit envahi d'images, et ça, c'est une qualité précieuse.
Cass McCombs - Prefection (4AD)
Rares sont les artistes dont on peut dire sans l'ombre d'une hésitation qu'ils s'améliorent avec le temps. Le premier album de Cass McCombs, gentiment insipide, ne m'avait laissé aucune impression durable et je n'attendais donc pas grand chose du deuxième. J'avais tort car il est bourré de tubes indie-pop à guitares (Equinox, Substraction, Multiple Suns, She's still suffering ou All your dreams may come true) qui évoquent tour à tour les Flaming Lips, The Music, The Charlatans, Cure, Beck, Roxy Music, Belle and Sebastian et plein d'autres. D'ailleurs, Morrissey ayant pris des vacances en 2005, Sacred Heart remporte haut la main mon prix de la meilleure chanson des Smiths de l'année. Malheureusement, ce disque donne parfois l'impression de n'être qu'une compilation de démos et cette impressionnante collection de joyaux pop forme au final un album légèrement frustrant. La voix de Cass McCombs par exemple manque de personnalité et tend à affadir les mélodies et certains arrangements mériteraient un peu plus d'ampleur. Cela dit, ça reste une excellente surprise.
Backstreet Boys - Never Gone (Jive)
Dans le domaine de la pop commerciale, les grands retours médiatiquement orchestrés font en général long feu (pauvres Duran Duran), et celui-ci ne fait pas exception. Tentant de se fondre dans l'air du temps, le groupe a abandonné la pop synthétique de leurs meilleurs années (leur album Millennium reste un modèle du genre) pour une forme assez terrifiante d'emo-pop à guitares. On est souvent très proche de ce que les anglo-saxons appellent la "power-ballad" (quelque part entre Crazy d'Aerosmith et Feel de Robbie Williams). Je dois dire d'emblée que Never Gone est dans l'ensemble un très mauvais disque et j'en parle ici uniquement pour pouvoir dire un mot de leur single Incomplete, pour lequel je me suis pris pendant plusieurs semaines d'une passion irrationnelle. Ma cousine (autre victime de l'envoûtement que ce morceau exerce) prétend que je suis incapable de résister à une intro au piano et elle a sans doute en partie raison (j'ai également éprouvé par le passé de coupables indulgences pour Bruce Hornsby & the Range ou Beverley Craven). En fait, Incomplete parvient à tenir un équilibre difficile : suffisamment grotesque pour faire sourire les cyniques, mais pas assez pour basculer complètement dans le ridicule. C'est typiquement le genre de chansons que l'on se surprend à chantonner dans les allées de son supermarché (jugez par vous-mêmes ici). Stylusmagazine l'avait placée 24ème dans son classement des meilleurs singles de 2005, entre Feist et Bloc Party, et c'est une place qui lui convient parfaitement. Je sauve également de l'album Climbing the Walls (écrite par Max Martin) mais le reste ira rejoindre les oeuvres complètes de Boyzone et de Westlife dans les poubelles de l'histoire.
(courage, plus que deux billets)
mardi, février 14
Les albums de 2005 (XVI)
Elbow - Leaders of the free world (V2)
(voir ici)
Bodies Without Organs (BWO) - Prototype (EMI Suède)
Peut-être vous souvenez-vous des suédois d'Army of Lovers qui avaient produit aux alentours de 1992 deux des singles pop les plus kitschs de l'histoire de la musique enregistrée. Même si le nom ne vous dit rien, il est probable que vous avez conservé en mémoire quelques images de leurs clips (visibles ici ou là). La tête pensante du groupe était Alexander Bard (le blond à moustache), que l'on retrouve ici à la tête de BWO. Il y a quelque chose d'admirable dans la manière dont il continue à produire en 2005 une genre de musique (que je nommerai Euro-disco pour aller vite) qui est depuis longtemps devenu l'antithèse du cool. Tout dans ce premier album (ou presque) sonne daté et certaines des ficelles de composition, acceptables à l'époque, sont devenues à force d'avoir servi des clichés rédhibitoires (notamment la fameuse modulation "on monte tout d'un ton" que même les Musclés hésitaient à employer). Ce disque est donc résolument et volontairement anachronique. En l'écoutant, on se surprend à repenser à des gens aussi formidablement ringards que les A-Teens, Sandra ou Ace of Base. Pourtant, si on y réfléchit bien, dans un monde où Jose Gonzalez, Arcade Fire et Sufjan Stevens vendent 20 fois plus d'albums que Rachel Stevens, c'est peut-être bien là que se cache une des formes les plus pures de musique alternative ou indépendante, celle qui est produite par des artisans consciencieux qui n'espèrent plus aucun succès commercial et se contentent de créer des oeuvres qui leur ressemblent pour un petit public de fidèles regroupé autour de quelques médias-phares. Aucune maison de disques n'oserait aujourd'hui investir de l'argent dans une promotion à grande échelle de cet album (une sortie anglaise un temps envisagée a été abandonnée). Pourtant, l'utilisation du Music de John Miles sur European Psycho est tout à fait réjouissante et des chansons comme Sixteen Tons of Hardware et Voodoo Magic auraient pu être à la fin des deux décennies précédentes des tubes fédérateurs dont les vidéos seraient passées en boucle sur MTV (jours bénis du programme unique paneuropéen). Aujourd'hui, les différentes chaînes nationales de MTV ne permettent plus de découvrir ce qui se fait ailleurs que chez soi, les disques à la mode sont faits pour être écoutés par des adolescents dépressifs dans des chambres mal aérées et ces deux chansons de BWO serviront juste à rappeler leur jeunesse à quelques trentenaires nostalgiques. Triste époque... et je caricature à peine. (des vidéos sont visibles ici)
Black Wire - Black Wire (48 Crash)
On parle peu de l'envers du décor de la scène indé anglaise. Pourtant, pour chaque groupe rencontrant le succès, il y en a 100 qui restent dans l'anonymat. Début 2004, Bloc Party et Black Wire étaient deux groupes au statut équivalent, entourés d'un buzz naissant sur la base d'un ou deux singles prometteurs que l'on s'échangeait avec excitation sur les réseaux p2p. Aujourd'hui, Bloc Party vend des disques par camions entiers tandis que les membres de Black Wire soignent leurs illusions déçues dans des appartements deux-pièces (ils n'en sont pas encore tout à fait là mais on fera comme si pour l'efficacité de la démonstration). Il serait rassurant de se dire qu'il s'agit là d'une forme normale de Darwinisme culturel. Les groupes disposant des meilleures chansons survivent en écrasant ceux dont les morceaux sont plus malingres ou moins efficaces, et assurent ainsi la pérennité du genre. Un documentaire animalier dirait sans doute qu'il s'agit là d'une manifestation de la beauté sauvage et de l'impitoyable cruauté de la nature. On peut néanmoins se demander à quoi tient cette différence de destin. A la qualité intrinsèque des chansons (si tant est qu'une telle chose puisse exister) ? Les chansons de Black Wire sont-elle vraiment moins bonnes que celles de Kaiser Chiefs (Hard To Love Easy To Lay) ou de Bloc Party (Smoke and mirrors) ? Pas sûr. Ce qui a peut-être manqué à Black Wire, plus prosaîquement, c'est un peu de chance, un environnement favorable et quelques connexions dans les médias. On peut s'émouvoir de l'injustice de ce processus de sélection mais il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire pour l'influencer. A mon niveau, je peux juste espérer que, lorsque les trois membres de Black Wire repenseront dans dix ans à cette période de leur vie, ils seront fiers d'avoir écrit et enregistré des chansons aussi parfaites que Attack! Attack! Attack! et surtout The Face (la chanson qu'Electric Six aurait pu sortir s'ils avaient eu le moindre talent), mais je doute que ça leur soit d'un quelconque réconfort. (voir également ici)
Ryan Teague - Six preludes (Type)
Chaque année semble nous réserver au moins un disque inclassable, à la frontière entre electronica, bande originale de film et "nouvelles musiques" (de Philip Glass à Arvo Pärt disons). L'année dernière, c'était Max Richter et l'année d'avant Jonny Greenwood. Cette année, c'est au tour de Ryan Teague, dont l'album est à la fois moins disparate que celui de Jonny Greenwood et plus aventureux que celui de Max Richter. On y entend pêle-mêle des blips synthétiques, du violon, de la clarinette, de la guitare et quelques touches de voix et de violoncelle. L'ensemble forme un tapis sonore enveloppant qui évolue lentement mais évite la plupart des clichés new-age (dans lesquels sombrait parfois Max Richter). Un recours fréquent à la dissonance notamment rend ce disque bien moins lénifiant que ce que ma description pourrait laisser penser, ce qui ne l'empêche pas d'être le remède parfait pour lutter contre les endormissements difficiles, et c'est un compliment. (extraits ici)
(voir ici)
Bodies Without Organs (BWO) - Prototype (EMI Suède)
Peut-être vous souvenez-vous des suédois d'Army of Lovers qui avaient produit aux alentours de 1992 deux des singles pop les plus kitschs de l'histoire de la musique enregistrée. Même si le nom ne vous dit rien, il est probable que vous avez conservé en mémoire quelques images de leurs clips (visibles ici ou là). La tête pensante du groupe était Alexander Bard (le blond à moustache), que l'on retrouve ici à la tête de BWO. Il y a quelque chose d'admirable dans la manière dont il continue à produire en 2005 une genre de musique (que je nommerai Euro-disco pour aller vite) qui est depuis longtemps devenu l'antithèse du cool. Tout dans ce premier album (ou presque) sonne daté et certaines des ficelles de composition, acceptables à l'époque, sont devenues à force d'avoir servi des clichés rédhibitoires (notamment la fameuse modulation "on monte tout d'un ton" que même les Musclés hésitaient à employer). Ce disque est donc résolument et volontairement anachronique. En l'écoutant, on se surprend à repenser à des gens aussi formidablement ringards que les A-Teens, Sandra ou Ace of Base. Pourtant, si on y réfléchit bien, dans un monde où Jose Gonzalez, Arcade Fire et Sufjan Stevens vendent 20 fois plus d'albums que Rachel Stevens, c'est peut-être bien là que se cache une des formes les plus pures de musique alternative ou indépendante, celle qui est produite par des artisans consciencieux qui n'espèrent plus aucun succès commercial et se contentent de créer des oeuvres qui leur ressemblent pour un petit public de fidèles regroupé autour de quelques médias-phares. Aucune maison de disques n'oserait aujourd'hui investir de l'argent dans une promotion à grande échelle de cet album (une sortie anglaise un temps envisagée a été abandonnée). Pourtant, l'utilisation du Music de John Miles sur European Psycho est tout à fait réjouissante et des chansons comme Sixteen Tons of Hardware et Voodoo Magic auraient pu être à la fin des deux décennies précédentes des tubes fédérateurs dont les vidéos seraient passées en boucle sur MTV (jours bénis du programme unique paneuropéen). Aujourd'hui, les différentes chaînes nationales de MTV ne permettent plus de découvrir ce qui se fait ailleurs que chez soi, les disques à la mode sont faits pour être écoutés par des adolescents dépressifs dans des chambres mal aérées et ces deux chansons de BWO serviront juste à rappeler leur jeunesse à quelques trentenaires nostalgiques. Triste époque... et je caricature à peine. (des vidéos sont visibles ici)
Black Wire - Black Wire (48 Crash)
On parle peu de l'envers du décor de la scène indé anglaise. Pourtant, pour chaque groupe rencontrant le succès, il y en a 100 qui restent dans l'anonymat. Début 2004, Bloc Party et Black Wire étaient deux groupes au statut équivalent, entourés d'un buzz naissant sur la base d'un ou deux singles prometteurs que l'on s'échangeait avec excitation sur les réseaux p2p. Aujourd'hui, Bloc Party vend des disques par camions entiers tandis que les membres de Black Wire soignent leurs illusions déçues dans des appartements deux-pièces (ils n'en sont pas encore tout à fait là mais on fera comme si pour l'efficacité de la démonstration). Il serait rassurant de se dire qu'il s'agit là d'une forme normale de Darwinisme culturel. Les groupes disposant des meilleures chansons survivent en écrasant ceux dont les morceaux sont plus malingres ou moins efficaces, et assurent ainsi la pérennité du genre. Un documentaire animalier dirait sans doute qu'il s'agit là d'une manifestation de la beauté sauvage et de l'impitoyable cruauté de la nature. On peut néanmoins se demander à quoi tient cette différence de destin. A la qualité intrinsèque des chansons (si tant est qu'une telle chose puisse exister) ? Les chansons de Black Wire sont-elle vraiment moins bonnes que celles de Kaiser Chiefs (Hard To Love Easy To Lay) ou de Bloc Party (Smoke and mirrors) ? Pas sûr. Ce qui a peut-être manqué à Black Wire, plus prosaîquement, c'est un peu de chance, un environnement favorable et quelques connexions dans les médias. On peut s'émouvoir de l'injustice de ce processus de sélection mais il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire pour l'influencer. A mon niveau, je peux juste espérer que, lorsque les trois membres de Black Wire repenseront dans dix ans à cette période de leur vie, ils seront fiers d'avoir écrit et enregistré des chansons aussi parfaites que Attack! Attack! Attack! et surtout The Face (la chanson qu'Electric Six aurait pu sortir s'ils avaient eu le moindre talent), mais je doute que ça leur soit d'un quelconque réconfort. (voir également ici)
Ryan Teague - Six preludes (Type)
Chaque année semble nous réserver au moins un disque inclassable, à la frontière entre electronica, bande originale de film et "nouvelles musiques" (de Philip Glass à Arvo Pärt disons). L'année dernière, c'était Max Richter et l'année d'avant Jonny Greenwood. Cette année, c'est au tour de Ryan Teague, dont l'album est à la fois moins disparate que celui de Jonny Greenwood et plus aventureux que celui de Max Richter. On y entend pêle-mêle des blips synthétiques, du violon, de la clarinette, de la guitare et quelques touches de voix et de violoncelle. L'ensemble forme un tapis sonore enveloppant qui évolue lentement mais évite la plupart des clichés new-age (dans lesquels sombrait parfois Max Richter). Un recours fréquent à la dissonance notamment rend ce disque bien moins lénifiant que ce que ma description pourrait laisser penser, ce qui ne l'empêche pas d'être le remède parfait pour lutter contre les endormissements difficiles, et c'est un compliment. (extraits ici)
Les albums de 2005 (XV)
Art Brut - Bang Bang Rock&Roll (Fierce Panda)
En général, je forge mes opinions sur un groupe en me basant essentiellement sur la musique. Les paroles m'intéressent assez peu et j'essaie autant que possible de faire abstraction de l'image du groupe. Cela dit, toute règle a ses exceptions et je n'ai aucun scrupule à avouer que j'aime surtout Art Brut pour les textes et la vision de la musique qu'ils véhiculent. Le fait que la musique soit très bonne est essentiellement un plus. On pourrait la décrire comme un mélange de comedy-punk basique et d'art-rock anguleux. Ca ne voudrait pas dire grand-chose mais le groupe lui-même ne sachant pas à quel genre il appartient, je vois mal comment je pourrais prétendre être mieux informé. (voir aussi ici)
Minotaur Shock - Maritime (4AD)
2005 n'a pas été une grand cru pour 4AD. L'album de Magnetophone, notamment, m'a déçu. Leur sortie la plus intéressante est donc sans doute cet album de Minotaur Shock, le projet d'un certain David Edwards, dont je ne sais rien si ce n'est qu'il semble être incapable de choisir son camp entre Mylo et Michael Nyman. Cette indécision se révèle finalement plutôt payante. Alors que, pris séparément, ces deux pôles n'ont qu'un intérêt limité, leur mélange fournit un hybride intrigant où nappes électroniques et riffs acoustiques (clarinette, flûte, violon, etc...) cohabitent sans jamais vraiment fusionner. Malheureusement, le disque ne fait que rarement le saut de simplement "intrigant" vers "passionnant" et l'intérêt éveillé une minute se maintient rarement durant les cinq suivantes. Le disque souffre en fait surtout du fait que les morceaux y tiennent très rarement leurs promesses. Vigo Bay par exemple débute avec une rythmique de folie comme les Chemical Brothers rêveraient de savoir encore en produire mais bifurque bien vite vers un pastiche de Mike Oldfield (période Incantations). Six Foolish Fishermen commence comme un morceau d'electronica-ambient à la Boards of Canada (wééé !) mais finit par sonner comme du Level 42 instrumental (bouh !). Il n'y a guère que Muesli et Somebody once told me.. qui parviennent à me séduire dans la longueur. Un curiosité donc, regorgeant d'instants très réussis, mais pas complètement satisfaisante dans la longueur.
Devendra Banhart - Cripple Crow (XL Recordings)
Devendra Banhart revient ici avec un nouvel album qui est à la fois long (plus de 74 minutes) et plus riche que les précédents. Le folk minimaliste des débuts laisse la place à des morceaux plus amples, plus ambitieux dans leur orchestration. J'y retrouve en vrac des traces de pop 60s (Lazy Butterfly commence comme une chanson très connue que je ne parviens pas à identifier), de chanson sud-américaine (Santa Maria da Feira) et de rock'n'roll primitif (I feel like just a child), sans compter d'évidents emprunts à certains de ses glorieux ainés, comme Leonard Cohen pour Dragonflys ou Tim Buckley pour Cripple Crow (essentiellement une variation autour de I Must Have Been Blind). Certes, un album aussi long (22 chansons) ne peut jamais être parfait de bout en bout et arrive toujours un moment de légère saturation où la qualité d'écoute diminue et où on souhaiterait passer à autre chose mais, dans l'ensemble, il s'agit sans doute de l'album de Devendra Banhart que je préfère, peut-être parce que cet album est plus polissé, plus pop et moins brut (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il a déçu certains fans de la première heure) ou simplement parce que cette année m'a trouvé plus sensible à ce genre de musique.
En général, je forge mes opinions sur un groupe en me basant essentiellement sur la musique. Les paroles m'intéressent assez peu et j'essaie autant que possible de faire abstraction de l'image du groupe. Cela dit, toute règle a ses exceptions et je n'ai aucun scrupule à avouer que j'aime surtout Art Brut pour les textes et la vision de la musique qu'ils véhiculent. Le fait que la musique soit très bonne est essentiellement un plus. On pourrait la décrire comme un mélange de comedy-punk basique et d'art-rock anguleux. Ca ne voudrait pas dire grand-chose mais le groupe lui-même ne sachant pas à quel genre il appartient, je vois mal comment je pourrais prétendre être mieux informé. (voir aussi ici)
Minotaur Shock - Maritime (4AD)
2005 n'a pas été une grand cru pour 4AD. L'album de Magnetophone, notamment, m'a déçu. Leur sortie la plus intéressante est donc sans doute cet album de Minotaur Shock, le projet d'un certain David Edwards, dont je ne sais rien si ce n'est qu'il semble être incapable de choisir son camp entre Mylo et Michael Nyman. Cette indécision se révèle finalement plutôt payante. Alors que, pris séparément, ces deux pôles n'ont qu'un intérêt limité, leur mélange fournit un hybride intrigant où nappes électroniques et riffs acoustiques (clarinette, flûte, violon, etc...) cohabitent sans jamais vraiment fusionner. Malheureusement, le disque ne fait que rarement le saut de simplement "intrigant" vers "passionnant" et l'intérêt éveillé une minute se maintient rarement durant les cinq suivantes. Le disque souffre en fait surtout du fait que les morceaux y tiennent très rarement leurs promesses. Vigo Bay par exemple débute avec une rythmique de folie comme les Chemical Brothers rêveraient de savoir encore en produire mais bifurque bien vite vers un pastiche de Mike Oldfield (période Incantations). Six Foolish Fishermen commence comme un morceau d'electronica-ambient à la Boards of Canada (wééé !) mais finit par sonner comme du Level 42 instrumental (bouh !). Il n'y a guère que Muesli et Somebody once told me.. qui parviennent à me séduire dans la longueur. Un curiosité donc, regorgeant d'instants très réussis, mais pas complètement satisfaisante dans la longueur.
Devendra Banhart - Cripple Crow (XL Recordings)
Devendra Banhart revient ici avec un nouvel album qui est à la fois long (plus de 74 minutes) et plus riche que les précédents. Le folk minimaliste des débuts laisse la place à des morceaux plus amples, plus ambitieux dans leur orchestration. J'y retrouve en vrac des traces de pop 60s (Lazy Butterfly commence comme une chanson très connue que je ne parviens pas à identifier), de chanson sud-américaine (Santa Maria da Feira) et de rock'n'roll primitif (I feel like just a child), sans compter d'évidents emprunts à certains de ses glorieux ainés, comme Leonard Cohen pour Dragonflys ou Tim Buckley pour Cripple Crow (essentiellement une variation autour de I Must Have Been Blind). Certes, un album aussi long (22 chansons) ne peut jamais être parfait de bout en bout et arrive toujours un moment de légère saturation où la qualité d'écoute diminue et où on souhaiterait passer à autre chose mais, dans l'ensemble, il s'agit sans doute de l'album de Devendra Banhart que je préfère, peut-être parce que cet album est plus polissé, plus pop et moins brut (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il a déçu certains fans de la première heure) ou simplement parce que cette année m'a trouvé plus sensible à ce genre de musique.
lundi, février 13
Adam Green en session acoustique...
...ici. Pour le reste, je ne suis pas encore remis du festival Fat Cat mais j'ai bon espoir de retrouver un rythme biologique normal d'ici quelques jours.
jeudi, février 9
Je vous raconterai...
Les albums de 2005 (XIV)
Missy Elliott - The Cookbook (Atlantic)
Il y a beaucoup de choses que je n'aime guère dans le rap américain mainstream : un terrifiant esprit de sérieux (du moins en façade), une prétention infinie, une esthétique gangsta empreinte d'un matérialisme mortifère (si je continue à utiliser des expressions pareilles, je suis mûr pour m'abonner à Télérama), etc... Même des rappeurs unanimement appréciés me semblent souvent avoir un 'flow' d'endives trop cuites (Jay-Z principalement) et je suis donc depuis longtemps résigné à être totalement en-dehors du coup (quoique les quelques chansons de Kanye West que j'ai entendues cette année m'ont aguiché l'oreille). Heureusement, Missy Elliott m'a toujours semblé être un peu à part par sa capacité à produire un rap qui plait à ceux que le genre indiffère, sans doute grâce à l'injection d'une bonne dose d'humour et d'un petit grain de folie (manifeste notamment dans ses vidéos). Le seul album de Missy Elliott que je connaissais jusqu'à présent était le déjà très bon Miss E... so addictive. Ici, Timbaland se fait nettement plus discret (deux titres seulement), laissant la place à une armée de producteurs dont la plupart me sont totalement inconnus. En conséquence, cela part un peu dans tous les sens, alternant rap pur (Lose Control) et chansons plus soul (Irresistible Delicious rappelle l'époque où Destiny's Child était encore un groupe intéressant), et utilisant une palette de sons très étendues (de quelques notes de harpe dans 4 my man à un sample de Apache des Shadows dans We run this). Comme toujours sur les disques de rap, les invités sont nombreux avec notamment Ciara, Mary J. Blige, M.I.A. et (l'insupportable) Fat Man Scoop. M'intéressant en règle générale assez peu aux paroles, je n'ai pas la moindre idée de ce que ça raconte (même si les multiples allusions à un "magic stick" dans Meltdown paraissent assez claires) mais aucune des 16 plages de l'album n'est ennuyeuse et c'est en gros tout ce que je demande d'un disque. En plus, le livret est plein d'enseignements. Je sais à présent que Stuart Price n'a pas écrit le "Music makes you lose control" que je lui avais un peu vite attribué (bien que personne d'autre ne soit crédité sur l'album des Rythmes Digitales....un mystère de plus).
Sigur Ros - Takk (EMI)
Aaah, Sigur Ros ! Le son du vent s'engouffrant dans des gorges à la végétation rare, paysages lunaires jonchés de rochers déchiquetés aux arêtes coupantes comme des scalpels ! Les plaines recouvertes à perte de vue d'une neige rendue compacte par la pesanteur immobile et glacée d'une longue nuit d'hiver ! Le reflet incertain d'un bas soleil de midi dardant par-delà l'océan des rayons qu'un geyser scintillant d'écume décompose en éclats de couleurs pâles. En pratiquant un "post-rock" lyrique qui ne recule pas devant le pathos, Sigur Ros prête le flanc aux descriptions les plus consternantes. Succomber à ce douteux penchant représente sans doute un moyen commode d'exprimer ma désillusion envers les albums d'un groupe que je n'ai jamais pu réellement apprécier qu'en live. Sur disque, la voix de Jonsi souffre de ne plus s'enraciner dans un visage et de ne plus s'incarner dans un corps qui mette à nu la douleur de sa naissance. Du coup, les disques de Sigur Ros paraissent presque trop lisses, ne révélant que la part la plus conventionnellement jolie de leur art. Cela dit, une fois ces réserves faites, cet album ne démérite pas face aux précédents (surtout sa seconde moitié, quasi-parfaite). Ils n'ont jamais aussi bien utilisé les cordes que sur Andvari. Gong est sans doute la meilleure pop-song qu'ils aient jamais écrite et des morceaux comme Sorglopur (orth?) ou Milano font depuis longtemps partie des sommets de leur répertoire en concert. En fait, les passages de l'album qui me plaisent le plus sont ceux qui me rappellent le plus directement les versions live. Dommage dès lors qu'ils profitent parfois du confort de leur studio pour laisser libre cours à leurs pulsions de surproduction, notamment sur Hoppipolla ou Se lest où des cuivres de fanfare viennent alourdir inutilement le propos.
The Dead 60s - The Dead 60s (Delasonic)
J'attendais ce premier album avec appréhension car les faces B des premiers singles (des expériences de dub jusqu'au-boutiste) m'avaient semblé assez indigestes (on en retrouve d'ailleurs la trace sur le CD bonus) et fait douter de leur capacité à tenir sur la longueur le niveau de Riot Radio. Finalement, j'avais tort de m'inquiéter et l'album remplit parfaitement son pari. Il ne mérite ni les chroniques assassines lues ici ou là ni la dithyrambe hallucinante de Magic (qui y voyait l'avenir de la pop anglaise). J'entends souvent dire que toute la pop indé britannique actuelle (de Franz Ferdinand à Bloc Party) n'est qu'une resucée éhontée des groupes post-punks de la fin des années 70 ou du début des années 80. Connaissant très mal Gang of Four par exemple (le groupe le plus souvent cité), le caractère apparemment passéiste de toute cette nouvelle vague anglaise ne m'avait jamais réellement gêné. Il n'en est pas de même avec les Dead 60s dont les influences m'apparaissent évidentes. Riot Radio (mon single préféré de 2004 soit dit en passant) est pur Clash, Red Light et Control This sont farouchement Specials et Ghostface Killah est du Madness "un pas au-delà". Je pense aussi souvent à Public Image Limited. Au final, cet album est essentiellement un moyen agréable de réviser son ska en 13 leçons, ce qui en fait plutôt une bonne affaire.
Il y a beaucoup de choses que je n'aime guère dans le rap américain mainstream : un terrifiant esprit de sérieux (du moins en façade), une prétention infinie, une esthétique gangsta empreinte d'un matérialisme mortifère (si je continue à utiliser des expressions pareilles, je suis mûr pour m'abonner à Télérama), etc... Même des rappeurs unanimement appréciés me semblent souvent avoir un 'flow' d'endives trop cuites (Jay-Z principalement) et je suis donc depuis longtemps résigné à être totalement en-dehors du coup (quoique les quelques chansons de Kanye West que j'ai entendues cette année m'ont aguiché l'oreille). Heureusement, Missy Elliott m'a toujours semblé être un peu à part par sa capacité à produire un rap qui plait à ceux que le genre indiffère, sans doute grâce à l'injection d'une bonne dose d'humour et d'un petit grain de folie (manifeste notamment dans ses vidéos). Le seul album de Missy Elliott que je connaissais jusqu'à présent était le déjà très bon Miss E... so addictive. Ici, Timbaland se fait nettement plus discret (deux titres seulement), laissant la place à une armée de producteurs dont la plupart me sont totalement inconnus. En conséquence, cela part un peu dans tous les sens, alternant rap pur (Lose Control) et chansons plus soul (Irresistible Delicious rappelle l'époque où Destiny's Child était encore un groupe intéressant), et utilisant une palette de sons très étendues (de quelques notes de harpe dans 4 my man à un sample de Apache des Shadows dans We run this). Comme toujours sur les disques de rap, les invités sont nombreux avec notamment Ciara, Mary J. Blige, M.I.A. et (l'insupportable) Fat Man Scoop. M'intéressant en règle générale assez peu aux paroles, je n'ai pas la moindre idée de ce que ça raconte (même si les multiples allusions à un "magic stick" dans Meltdown paraissent assez claires) mais aucune des 16 plages de l'album n'est ennuyeuse et c'est en gros tout ce que je demande d'un disque. En plus, le livret est plein d'enseignements. Je sais à présent que Stuart Price n'a pas écrit le "Music makes you lose control" que je lui avais un peu vite attribué (bien que personne d'autre ne soit crédité sur l'album des Rythmes Digitales....un mystère de plus).
Sigur Ros - Takk (EMI)
Aaah, Sigur Ros ! Le son du vent s'engouffrant dans des gorges à la végétation rare, paysages lunaires jonchés de rochers déchiquetés aux arêtes coupantes comme des scalpels ! Les plaines recouvertes à perte de vue d'une neige rendue compacte par la pesanteur immobile et glacée d'une longue nuit d'hiver ! Le reflet incertain d'un bas soleil de midi dardant par-delà l'océan des rayons qu'un geyser scintillant d'écume décompose en éclats de couleurs pâles. En pratiquant un "post-rock" lyrique qui ne recule pas devant le pathos, Sigur Ros prête le flanc aux descriptions les plus consternantes. Succomber à ce douteux penchant représente sans doute un moyen commode d'exprimer ma désillusion envers les albums d'un groupe que je n'ai jamais pu réellement apprécier qu'en live. Sur disque, la voix de Jonsi souffre de ne plus s'enraciner dans un visage et de ne plus s'incarner dans un corps qui mette à nu la douleur de sa naissance. Du coup, les disques de Sigur Ros paraissent presque trop lisses, ne révélant que la part la plus conventionnellement jolie de leur art. Cela dit, une fois ces réserves faites, cet album ne démérite pas face aux précédents (surtout sa seconde moitié, quasi-parfaite). Ils n'ont jamais aussi bien utilisé les cordes que sur Andvari. Gong est sans doute la meilleure pop-song qu'ils aient jamais écrite et des morceaux comme Sorglopur (orth?) ou Milano font depuis longtemps partie des sommets de leur répertoire en concert. En fait, les passages de l'album qui me plaisent le plus sont ceux qui me rappellent le plus directement les versions live. Dommage dès lors qu'ils profitent parfois du confort de leur studio pour laisser libre cours à leurs pulsions de surproduction, notamment sur Hoppipolla ou Se lest où des cuivres de fanfare viennent alourdir inutilement le propos.
The Dead 60s - The Dead 60s (Delasonic)
J'attendais ce premier album avec appréhension car les faces B des premiers singles (des expériences de dub jusqu'au-boutiste) m'avaient semblé assez indigestes (on en retrouve d'ailleurs la trace sur le CD bonus) et fait douter de leur capacité à tenir sur la longueur le niveau de Riot Radio. Finalement, j'avais tort de m'inquiéter et l'album remplit parfaitement son pari. Il ne mérite ni les chroniques assassines lues ici ou là ni la dithyrambe hallucinante de Magic (qui y voyait l'avenir de la pop anglaise). J'entends souvent dire que toute la pop indé britannique actuelle (de Franz Ferdinand à Bloc Party) n'est qu'une resucée éhontée des groupes post-punks de la fin des années 70 ou du début des années 80. Connaissant très mal Gang of Four par exemple (le groupe le plus souvent cité), le caractère apparemment passéiste de toute cette nouvelle vague anglaise ne m'avait jamais réellement gêné. Il n'en est pas de même avec les Dead 60s dont les influences m'apparaissent évidentes. Riot Radio (mon single préféré de 2004 soit dit en passant) est pur Clash, Red Light et Control This sont farouchement Specials et Ghostface Killah est du Madness "un pas au-delà". Je pense aussi souvent à Public Image Limited. Au final, cet album est essentiellement un moyen agréable de réviser son ska en 13 leçons, ce qui en fait plutôt une bonne affaire.
mercredi, février 8
Les albums de 2005 (XIII)
Brian Eno - Another Day On Earth (Opal/Rykodisc)
Je suis un fan de Brian Eno de la même manière que je suis fan de Dead Can Dance ou des Pet Shop Boys, c'est-à-dire au sens le plus basique du terme. En conséquence, j'ai souvent un peu de mal à émettre un avis objectif sur son oeuvre ou à exprimer clairement ce que je ressens en l'écoutant. Ca ne veut pas dire que j'aime sans retenue tout ce que Brian Eno a sorti au cours des trente dernières années (malgré son intérêt historique ou conceptuel, Thursday Afternoon est tout de même un disque profondément ennuyeux) mais simplement qu'écouter ses disques me procure une sensation de bien-être qui n'est pas très différente de celle qui accompagne les retrouvailles avec un membre de sa famille ou un vieil ami, un sentiment de familiarité immédiat dans lequel on peut se lover en toute sécurité, l'impression de se retrouver face à un fragment de soi-même, une page de son histoire personnelle que l'on avait perdue de vue. Comment pourrais-je dès lors espérer faire comprendre par écrit la joie que me procure l'écoute de ce disque, le premier album de chansons sorti par Brian Eno depuis la fin des années 70 ? C'est peine perdue. Je rajouterai donc simplement à ce que j'ai déjà écrit ici que, comme je le pressentais, c'est un album dont je ne me suis pas encore lassé.
Hanson - Underneath (Cooking Vinyl)
J'ai acheté quatre disques "honteux" cette année et une honnêteté chevillée au corps m'empêche de les passer sous silence, quand bien même leur présence ici fait sans doute s'effilocher les derniers lambeaux de ma crédibilité (mais qu'est-ce que la crédibilité sinon le fruit d'un conformisme bien géré, mmmh ?). Voici déjà le troisième, en attendant le dernier qui viendra clôturer la série en apothéose (à moins que la honte ne me le fasse passer sous silence, nous verrons). J'étais passé tout à fait à côté du phénomène Hanson à l'époque de son apogée (1997), pour cause d'intransigeance indie-snob. En effet, durant cette période très trouble de ma vie, j'écoutais en boucle Hovercraft, Flying Saucer Attack et Mice Parade et ne connaissais donc Hanson que comme cette fille blonde à la voix irritante que l'on voyait sans cesse sur MTV secouer les cheveux derrière son clavier en chantant des onomatopées débiles (MMMBop ?). Ce n'est que bien plus tard, le démon de la pop m'ayant à nouveau enserré dans ses doigts griffus, que j'ai découvert que la fille n'en était pas une et que le groupe avait même enregistré deux-trois très bonnes chansons (dont Weird, que j'aime encore beaucoup aujourd'hui). De plus, la manière dont les trois frères Hanson se jouent des reproches habituellement adressés aux groupes pop ne peut que réjouir le défenseur du genre que je suis. En effet, ils écrivent toutes leurs chansons et jouent toutes les parties instrumentales eux-mêmes. Mieux, ils accordent une importance tellement grande à leur "intégrité artistique" qu'ils ont claqué la porte de la major sur laquelle ils étaient signés pour monter leur propre label. Ils n'ont donc de leçons d'indie-attitude à recevoir de personne et, à ce titre, sont un peu le groupe idéal pour les débatteurs de mauvaise foi voulant confronter les indie-snobs de tous poils à leurs contradictions. Est-ce que tout cela fait de Underneath un bon album ? Pas entièrement, non. Je reconnais toutes les qualités du monde au premier single, Penny and Me, dont l'imparable refrain explique en grande partie pourquoi l'album s'est retrouvé entre mes mains. De même, Strong Enough to Break et Lost Without Each Other peuvent plaire si on aime la pop américaine à guitares des années 90 (de Blind Melon à Spin Doctors disons). Sur la longueur d'une chanson, c'est donc en général assez plaisant. Malheureusement, Taylor Hanson, bien que marié et père de famille, a conservé la voix geignarde de ses 12 ans, ce qui rend assez pénible l'écoute d'une traite de l'album. En fait, je crois que je préfère l'idée que je me fais du groupe à sa musique. Dans mon esprit, c'est plutôt un compliment (sans doute parce qu'il me semble qu'il vaut mieux faire de la mauvaise musique pour de bonnes raisons que l'inverse.)
Henrik Johansen - Vacker Utsikt (WERF)
Sans doute le disque le plus improbable de l'année. Henrik Johansen est un crooner suédois très populaire dans son pays. Sa voix se situe quelque part entre celles de Falco, de Gunther (You touch my tralala) et de Leonard Cohen. Henrik Johansen déroule son texte avec un débit mi-parlé, mi-chanté, qui se veut, et arrive souvent à être, sensuel (sur Flikka par exemple). On pense un peu au Joe Dassin de L'Eté Indien ou au Guy Marchand de Destinés. Ces références sont pourtant loin de rendre justice à l'album, où une ironie réjouissante semble irriguer la moindre inflexion de voix. L'imagerie du digipack, empreinte d'une forme de surréalisme ludique, confirme d'ailleurs cette impression. La musique en tant que telle pourrait être décrite comme une sorte de lounge cheap qui m'évoque beaucoup mon disque préféré de l'année dernière (Post Industrial Boys). Toutes les paroles sont en suédois. Je n'ai donc pas la moindre idée de ce que les chansons racontent mais le titre de la première sonne étrangement comme 'Your Horcrux' et ça, ça plait beaucoup à mon côté geek. En résumé, un des disques les plus jouissifs de l'année pour ceux qui conçoivent que l'on puisse écouter un album pour en sourire. Vivement recommandé. Plus d'informations ici.
Je suis un fan de Brian Eno de la même manière que je suis fan de Dead Can Dance ou des Pet Shop Boys, c'est-à-dire au sens le plus basique du terme. En conséquence, j'ai souvent un peu de mal à émettre un avis objectif sur son oeuvre ou à exprimer clairement ce que je ressens en l'écoutant. Ca ne veut pas dire que j'aime sans retenue tout ce que Brian Eno a sorti au cours des trente dernières années (malgré son intérêt historique ou conceptuel, Thursday Afternoon est tout de même un disque profondément ennuyeux) mais simplement qu'écouter ses disques me procure une sensation de bien-être qui n'est pas très différente de celle qui accompagne les retrouvailles avec un membre de sa famille ou un vieil ami, un sentiment de familiarité immédiat dans lequel on peut se lover en toute sécurité, l'impression de se retrouver face à un fragment de soi-même, une page de son histoire personnelle que l'on avait perdue de vue. Comment pourrais-je dès lors espérer faire comprendre par écrit la joie que me procure l'écoute de ce disque, le premier album de chansons sorti par Brian Eno depuis la fin des années 70 ? C'est peine perdue. Je rajouterai donc simplement à ce que j'ai déjà écrit ici que, comme je le pressentais, c'est un album dont je ne me suis pas encore lassé.
Hanson - Underneath (Cooking Vinyl)
J'ai acheté quatre disques "honteux" cette année et une honnêteté chevillée au corps m'empêche de les passer sous silence, quand bien même leur présence ici fait sans doute s'effilocher les derniers lambeaux de ma crédibilité (mais qu'est-ce que la crédibilité sinon le fruit d'un conformisme bien géré, mmmh ?). Voici déjà le troisième, en attendant le dernier qui viendra clôturer la série en apothéose (à moins que la honte ne me le fasse passer sous silence, nous verrons). J'étais passé tout à fait à côté du phénomène Hanson à l'époque de son apogée (1997), pour cause d'intransigeance indie-snob. En effet, durant cette période très trouble de ma vie, j'écoutais en boucle Hovercraft, Flying Saucer Attack et Mice Parade et ne connaissais donc Hanson que comme cette fille blonde à la voix irritante que l'on voyait sans cesse sur MTV secouer les cheveux derrière son clavier en chantant des onomatopées débiles (MMMBop ?). Ce n'est que bien plus tard, le démon de la pop m'ayant à nouveau enserré dans ses doigts griffus, que j'ai découvert que la fille n'en était pas une et que le groupe avait même enregistré deux-trois très bonnes chansons (dont Weird, que j'aime encore beaucoup aujourd'hui). De plus, la manière dont les trois frères Hanson se jouent des reproches habituellement adressés aux groupes pop ne peut que réjouir le défenseur du genre que je suis. En effet, ils écrivent toutes leurs chansons et jouent toutes les parties instrumentales eux-mêmes. Mieux, ils accordent une importance tellement grande à leur "intégrité artistique" qu'ils ont claqué la porte de la major sur laquelle ils étaient signés pour monter leur propre label. Ils n'ont donc de leçons d'indie-attitude à recevoir de personne et, à ce titre, sont un peu le groupe idéal pour les débatteurs de mauvaise foi voulant confronter les indie-snobs de tous poils à leurs contradictions. Est-ce que tout cela fait de Underneath un bon album ? Pas entièrement, non. Je reconnais toutes les qualités du monde au premier single, Penny and Me, dont l'imparable refrain explique en grande partie pourquoi l'album s'est retrouvé entre mes mains. De même, Strong Enough to Break et Lost Without Each Other peuvent plaire si on aime la pop américaine à guitares des années 90 (de Blind Melon à Spin Doctors disons). Sur la longueur d'une chanson, c'est donc en général assez plaisant. Malheureusement, Taylor Hanson, bien que marié et père de famille, a conservé la voix geignarde de ses 12 ans, ce qui rend assez pénible l'écoute d'une traite de l'album. En fait, je crois que je préfère l'idée que je me fais du groupe à sa musique. Dans mon esprit, c'est plutôt un compliment (sans doute parce qu'il me semble qu'il vaut mieux faire de la mauvaise musique pour de bonnes raisons que l'inverse.)
Henrik Johansen - Vacker Utsikt (WERF)
Sans doute le disque le plus improbable de l'année. Henrik Johansen est un crooner suédois très populaire dans son pays. Sa voix se situe quelque part entre celles de Falco, de Gunther (You touch my tralala) et de Leonard Cohen. Henrik Johansen déroule son texte avec un débit mi-parlé, mi-chanté, qui se veut, et arrive souvent à être, sensuel (sur Flikka par exemple). On pense un peu au Joe Dassin de L'Eté Indien ou au Guy Marchand de Destinés. Ces références sont pourtant loin de rendre justice à l'album, où une ironie réjouissante semble irriguer la moindre inflexion de voix. L'imagerie du digipack, empreinte d'une forme de surréalisme ludique, confirme d'ailleurs cette impression. La musique en tant que telle pourrait être décrite comme une sorte de lounge cheap qui m'évoque beaucoup mon disque préféré de l'année dernière (Post Industrial Boys). Toutes les paroles sont en suédois. Je n'ai donc pas la moindre idée de ce que les chansons racontent mais le titre de la première sonne étrangement comme 'Your Horcrux' et ça, ça plait beaucoup à mon côté geek. En résumé, un des disques les plus jouissifs de l'année pour ceux qui conçoivent que l'on puisse écouter un album pour en sourire. Vivement recommandé. Plus d'informations ici.
samedi, février 4
Les albums de 2005 (XII)
Stuart A. Staples - Lucky Dog Recordings 03-04 (Beggars Banquet)
Outre Stuart Staples, on retrouve sur cet album deux membres des Tindersticks (David Boulter et Neil Fraser) et plusieurs autres musiciens régulièrement employés sur leurs albums. Le groupe étant en hibernation prolongée depuis 2003, cet album solo est un pis-aller de luxe en attendant un hypothétique nouvel opus des Tindersticks. Il ne lui manque en effet que les cordes de Dickon Hinchliffe pour être un successeur parfait à Waiting For The Moon. Cette absence explique sans doute que les ambiances soient ici un peu moins tendues ou plus ouvertement "romantiques" que celles des meilleurs albums du groupe. Je suppose que ce simple fait explique déjà pourquoi certains ont accusé cet album de manquer de profondeur ou d'être plus préoccupé de joliesse que de beauté. Personnellement en tout cas, j'y trouve tout à fait mon compte. Marseilles Sunshine, People Fall Down ou Say Something New ne me semblent pas avoir à rougir de la comparaison avec des chansons comme Travelling Light. De plus, j'aime beaucoup la voix de Stuart Staples et je préfère nettement l'entendre dans un album tel que celui-ci que de ne pas l'entendre du tout. Pour les francophiles, je signalerai juste que Yann Tiersen (et Thomas Belhom) sont venus donner un coup de main sur quelques titres.
Madonna - Confessions on a dance floor (Warner)
Contrairement à ce que j'ai beaucoup lu, cet album n'est pas l'oeuvre du seul Stuart Price mais contient également des productions de Mirwais et du studio suédois Bloodshy et Avant (déjà responsable du Toxic de Britney Spears), ce qui ne l'empêche pas de présenter une grande homogénéité de son. Pour l'apprécier, il m'a d'abord fallu accepter de ne pas m'appesantir sur Hung Up, single efficace mais trop manifestement basé sur le sample d'Abba pour mériter tous les éloges qu'on lui prête ici ou là. Cela dit, il faut reconnaître que tout dans ce disque "sonne" à la perfection : les basses disco, la rythmique impitoyable (l'album entier est mixé comme un seul morceau de tempo à peu près constant), les synthés Myléniens (le début de Get Together me fait systématiquement penser à la vilaine fermière), les emprunts divers (autant le sample de Gimme Gimme Gimme dans Hung Up est putassier, autant l'emprunt à West End Girls dans Jump est discret et de bon goût), etc.. J'aime même Isaac dont l'improbable juxtaposition de chants hébreux (je présume liés d'une manière ou d'une autre à la Kabbale) et de disco fonctionne à merveille. Dans l'ensemble, on a donc un très bon disque de dance-pop qui peut sans doute faire penser à Rachel Stevens, à la différence que, là où Rachel Stevens se situe résolument du côté pop, Madonna est plus intéressée par le côté dance. C'est indéniablement plus un disque pour danser en boîte que pour chanter sous sa douche. Il me touche donc un peu moins, sans doute parce que je prends plus de douches que je ne vais en boîte.
Silver Mt. Zion - Horses in the sky (Constellation)
Arcade Fire n'est pas le premier groupe canadien à s'être retrouvé la coqueluche des branchés de tout poil avec leur premier album. Avant cela, les membres de Godspeed You Black Emperor avaient eux aussi connu adoration critique, gloire et dévotion avec leur post-rock post-apocalyptique et post-situationniste (pour ne pas dire post-nihiliste). L'expérience GYBE ayant tourné court, une partie des membres du groupe a créé A Silver Mt. Zion. ASMZ (il faut toujours parler de ce qui touche à Constellation avec des abréviations sous peine d'apparaître complètement has-been) en est déjà à son quatrième album et leur discographie m'a toujours semblé un peu inégale, du sublime (le deuxième album, le Pretty Little Lightning Paw EP de 2004) au moins sublime. Cet album-ci me semble plutôt dans cette deuxième catégorie. Bien que les recettes employées soient en gros les mêmes que sur PLLP, il manque ici un petit quelque chose : l'effet de surprise ou les bienfaits de la concision peut-être. Cela dit, cet album contient un morceau où je retrouve ce qui faisait, selon moi, tout le prix de PLLP. C'est la deuxième plage, Mountains Made Of Steam, entièrement construite autour de l'entrée de la guitare à 4'37" et qui me semble valoir toutes les GYBEries du monde.
Outre Stuart Staples, on retrouve sur cet album deux membres des Tindersticks (David Boulter et Neil Fraser) et plusieurs autres musiciens régulièrement employés sur leurs albums. Le groupe étant en hibernation prolongée depuis 2003, cet album solo est un pis-aller de luxe en attendant un hypothétique nouvel opus des Tindersticks. Il ne lui manque en effet que les cordes de Dickon Hinchliffe pour être un successeur parfait à Waiting For The Moon. Cette absence explique sans doute que les ambiances soient ici un peu moins tendues ou plus ouvertement "romantiques" que celles des meilleurs albums du groupe. Je suppose que ce simple fait explique déjà pourquoi certains ont accusé cet album de manquer de profondeur ou d'être plus préoccupé de joliesse que de beauté. Personnellement en tout cas, j'y trouve tout à fait mon compte. Marseilles Sunshine, People Fall Down ou Say Something New ne me semblent pas avoir à rougir de la comparaison avec des chansons comme Travelling Light. De plus, j'aime beaucoup la voix de Stuart Staples et je préfère nettement l'entendre dans un album tel que celui-ci que de ne pas l'entendre du tout. Pour les francophiles, je signalerai juste que Yann Tiersen (et Thomas Belhom) sont venus donner un coup de main sur quelques titres.
Madonna - Confessions on a dance floor (Warner)
Contrairement à ce que j'ai beaucoup lu, cet album n'est pas l'oeuvre du seul Stuart Price mais contient également des productions de Mirwais et du studio suédois Bloodshy et Avant (déjà responsable du Toxic de Britney Spears), ce qui ne l'empêche pas de présenter une grande homogénéité de son. Pour l'apprécier, il m'a d'abord fallu accepter de ne pas m'appesantir sur Hung Up, single efficace mais trop manifestement basé sur le sample d'Abba pour mériter tous les éloges qu'on lui prête ici ou là. Cela dit, il faut reconnaître que tout dans ce disque "sonne" à la perfection : les basses disco, la rythmique impitoyable (l'album entier est mixé comme un seul morceau de tempo à peu près constant), les synthés Myléniens (le début de Get Together me fait systématiquement penser à la vilaine fermière), les emprunts divers (autant le sample de Gimme Gimme Gimme dans Hung Up est putassier, autant l'emprunt à West End Girls dans Jump est discret et de bon goût), etc.. J'aime même Isaac dont l'improbable juxtaposition de chants hébreux (je présume liés d'une manière ou d'une autre à la Kabbale) et de disco fonctionne à merveille. Dans l'ensemble, on a donc un très bon disque de dance-pop qui peut sans doute faire penser à Rachel Stevens, à la différence que, là où Rachel Stevens se situe résolument du côté pop, Madonna est plus intéressée par le côté dance. C'est indéniablement plus un disque pour danser en boîte que pour chanter sous sa douche. Il me touche donc un peu moins, sans doute parce que je prends plus de douches que je ne vais en boîte.
Silver Mt. Zion - Horses in the sky (Constellation)
Arcade Fire n'est pas le premier groupe canadien à s'être retrouvé la coqueluche des branchés de tout poil avec leur premier album. Avant cela, les membres de Godspeed You Black Emperor avaient eux aussi connu adoration critique, gloire et dévotion avec leur post-rock post-apocalyptique et post-situationniste (pour ne pas dire post-nihiliste). L'expérience GYBE ayant tourné court, une partie des membres du groupe a créé A Silver Mt. Zion. ASMZ (il faut toujours parler de ce qui touche à Constellation avec des abréviations sous peine d'apparaître complètement has-been) en est déjà à son quatrième album et leur discographie m'a toujours semblé un peu inégale, du sublime (le deuxième album, le Pretty Little Lightning Paw EP de 2004) au moins sublime. Cet album-ci me semble plutôt dans cette deuxième catégorie. Bien que les recettes employées soient en gros les mêmes que sur PLLP, il manque ici un petit quelque chose : l'effet de surprise ou les bienfaits de la concision peut-être. Cela dit, cet album contient un morceau où je retrouve ce qui faisait, selon moi, tout le prix de PLLP. C'est la deuxième plage, Mountains Made Of Steam, entièrement construite autour de l'entrée de la guitare à 4'37" et qui me semble valoir toutes les GYBEries du monde.
vendredi, février 3
Golden Pears
En général, je télécharge les morceaux proposés par les différents mp3-blogs et les écoute plusieurs mois plus tard, à partir des CD-R gravés. En conséquence, je ne relaie en général ici que les liens menant à des morceaux que je connais déjà. Heureusement, j'ai fait aujourd'hui mentir cette mauvaise habitude et peux donc vous conseiller d'aller faire un tour ici pour écouter trois morceaux des Silver Apples. Yeah !
Etant malade, j'en resterai là pour ce soir, préférant aller réfléchir aux implications philosophiques et aux conséquences pratiques de ceci bien au chaud sous la couette.
Etant malade, j'en resterai là pour ce soir, préférant aller réfléchir aux implications philosophiques et aux conséquences pratiques de ceci bien au chaud sous la couette.
jeudi, février 2
Les albums de 2005 (XI)
Patrick Wolf - Wind in the wires (Tomlab)
Ma découverte en 2003 du premier album de Patrick Wolf (Lycanthropy) a été un véritable choc esthétique. L'écouter m'a immédiatement donné l'impression qu'il avait été écrit spécialement pour moi et que j'étais le seul à pouvoir le comprendre. Cette impression idiote s'est d'autant plus développée que je me suis longtemps senti totalement isolé dans mon enthousiasme. A ma connaissance, la presse francophone n'en a pas dit un mot et les radios l'ignoraient (à part Radio 21 qui diffusa quelques fois Bloodbeat, après que je leur en eus envoyé un mp3). Heureusement, avec le temps, la sauce médiatique a commencé à prendre et Patrick Wolf a acquis un petit statut d'artiste culte (en Belgique du moins).
J'ai toujours conservé avec sa musique une relation de fan de base, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai autant de mal à en parler. Je dirai donc juste que cet album est beaucoup plus calme que le précédent, plus acoustique aussi. Patrick Wolf y apparaît apaisé, ayant fait la paix avec les démons qui peuplaient son adolescence. Des chansons comme Wind in the Wires et Teignmouth plongent l'auditeur dans un romantisme baroque très personnel et forment un contraste étonnant avec Tristan qui, avec ses rythmiques électro et ses cris gutturaux, rappelle Lycanthropy. Ce deuxième album me paraît dans l'ensemble musicalement plus abouti que le premier mais moins fascinant car on sent que Patrick Wolf y est moins spontané, plus conscient de lui-même et de son statut d'artiste. Cela dit, c'est une évolution inévitable que la sortie de son prochain album sur une major (Loog, une filiale de Polydor) devrait encore confirmer. Bizarrement, le disque fut dans l'ensemble assez mal reçu en France et les chroniques que j'ai pu lire étaient presque toutes négatives. On lui reprochait souvent d'en faire trop, notamment avec sa voix et de manquer de légèreté et de subtilité. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi mais je suppose qu'un adjectif tel que "lourd" n'a pas exactement le même sens pour tout le monde. Pour le reste, mon opinion sur le disque transparaît sans doute assez clairement de ce que j'ai déjà écrit ici et des questions que je lui ai posées lors de l'interview conduite au début de l'année dernière.
Boom Bip - Blue Eyed In The Red Room (Lex)
Si on en croit la rumeur ambiante, Boom Bip serait "une des figures emblématiques du hip-hop moderne". Ne connaissant rien de ce que Boom Bip a pu produire auparavant, j'ai un peu de mal à concilier cette qualification avec les chansons présentes sur cet album. Tout d'abord parce que, mis à part deux morceaux, il est entièrement instrumental et ensuite parce qu'il ne contient pas le moindre sample. On n'y trouve donc pas grand-chose de ce qui fait le hip-hop tel que je le conçois. Personnellement, plutôt que du hip-hop, j'y verrais un mélange d'electronica et de post-pop. Les deux morceaux chantés sont (forcément serais-je tenté de dire) ceux qui m'intéressent le plus. On pourrait décrire Do's and Don'ts, le morceau interprété par Gruff Rhys, comme la rencontre entre Elbow, la musique répétitive et la guitare de The Edge. The Matter (of our discussion) est lui inteprété par Nina Nastasia et ne déparerait pas sur un disque tardif de The Mortal Coil ou de The Hope Blister (c'est un compliment). Pour le reste, les morceaux, assez longs, se succèdent, des plus tubesques (The Move et Aplomb) aux plus insignifiants (la plupart des autres). Au final, c'est un disque qui crée un agréable fond sonore mais trop désincarné pour susciter la moindre étincelle d'enthousiasme.
Arab Strap - The Last Romance (Chemikal Underground)
Je dois avoir écouté à peu près tous les albums d'Arab Strap depuis le premier et j'en possède même quelques-uns. Pourtant, je suis incapable de citer le titre de ne serait-ce qu'une seule de leurs chansons. En fait, plus que les compositions en elles-mêmes, ce que j'aime dans la musique d'Arab Strap, c'est un son très particulier, d'une grande limpidité, avec la voix mise très en avant et tous les instruments qui se détachent avec netteté (guitare, violon et une touche d'électronique). Comme c'était déjà le cas pour Smog, chaque nouvel album est donc avant tout pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux échantillons de ce son. En conséquence, Arab Strap est un groupe que je n'écoute pas souvent, mais toujours avec plaisir même si je n'ai jamais eu l'envie de m'y plonger plus en profondeur. Du coup, tous leurs albums ont tendance à se confondre dans mon esprit et je serais bien incapable de comparer celui-ci aux précédents. Je dirais donc simplement que le glissement stylistique observé depuis deux ou trois albums s'y confirme, le minimalisme des débuts se métamorphosant petit à petit en une forme de pop joyeuse nettement plus construite (Stink ou There is no ending par exemple).
Ma découverte en 2003 du premier album de Patrick Wolf (Lycanthropy) a été un véritable choc esthétique. L'écouter m'a immédiatement donné l'impression qu'il avait été écrit spécialement pour moi et que j'étais le seul à pouvoir le comprendre. Cette impression idiote s'est d'autant plus développée que je me suis longtemps senti totalement isolé dans mon enthousiasme. A ma connaissance, la presse francophone n'en a pas dit un mot et les radios l'ignoraient (à part Radio 21 qui diffusa quelques fois Bloodbeat, après que je leur en eus envoyé un mp3). Heureusement, avec le temps, la sauce médiatique a commencé à prendre et Patrick Wolf a acquis un petit statut d'artiste culte (en Belgique du moins).
J'ai toujours conservé avec sa musique une relation de fan de base, ce qui explique sans doute pourquoi j'ai autant de mal à en parler. Je dirai donc juste que cet album est beaucoup plus calme que le précédent, plus acoustique aussi. Patrick Wolf y apparaît apaisé, ayant fait la paix avec les démons qui peuplaient son adolescence. Des chansons comme Wind in the Wires et Teignmouth plongent l'auditeur dans un romantisme baroque très personnel et forment un contraste étonnant avec Tristan qui, avec ses rythmiques électro et ses cris gutturaux, rappelle Lycanthropy. Ce deuxième album me paraît dans l'ensemble musicalement plus abouti que le premier mais moins fascinant car on sent que Patrick Wolf y est moins spontané, plus conscient de lui-même et de son statut d'artiste. Cela dit, c'est une évolution inévitable que la sortie de son prochain album sur une major (Loog, une filiale de Polydor) devrait encore confirmer. Bizarrement, le disque fut dans l'ensemble assez mal reçu en France et les chroniques que j'ai pu lire étaient presque toutes négatives. On lui reprochait souvent d'en faire trop, notamment avec sa voix et de manquer de légèreté et de subtilité. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi mais je suppose qu'un adjectif tel que "lourd" n'a pas exactement le même sens pour tout le monde. Pour le reste, mon opinion sur le disque transparaît sans doute assez clairement de ce que j'ai déjà écrit ici et des questions que je lui ai posées lors de l'interview conduite au début de l'année dernière.
Boom Bip - Blue Eyed In The Red Room (Lex)
Si on en croit la rumeur ambiante, Boom Bip serait "une des figures emblématiques du hip-hop moderne". Ne connaissant rien de ce que Boom Bip a pu produire auparavant, j'ai un peu de mal à concilier cette qualification avec les chansons présentes sur cet album. Tout d'abord parce que, mis à part deux morceaux, il est entièrement instrumental et ensuite parce qu'il ne contient pas le moindre sample. On n'y trouve donc pas grand-chose de ce qui fait le hip-hop tel que je le conçois. Personnellement, plutôt que du hip-hop, j'y verrais un mélange d'electronica et de post-pop. Les deux morceaux chantés sont (forcément serais-je tenté de dire) ceux qui m'intéressent le plus. On pourrait décrire Do's and Don'ts, le morceau interprété par Gruff Rhys, comme la rencontre entre Elbow, la musique répétitive et la guitare de The Edge. The Matter (of our discussion) est lui inteprété par Nina Nastasia et ne déparerait pas sur un disque tardif de The Mortal Coil ou de The Hope Blister (c'est un compliment). Pour le reste, les morceaux, assez longs, se succèdent, des plus tubesques (The Move et Aplomb) aux plus insignifiants (la plupart des autres). Au final, c'est un disque qui crée un agréable fond sonore mais trop désincarné pour susciter la moindre étincelle d'enthousiasme.
Arab Strap - The Last Romance (Chemikal Underground)
Je dois avoir écouté à peu près tous les albums d'Arab Strap depuis le premier et j'en possède même quelques-uns. Pourtant, je suis incapable de citer le titre de ne serait-ce qu'une seule de leurs chansons. En fait, plus que les compositions en elles-mêmes, ce que j'aime dans la musique d'Arab Strap, c'est un son très particulier, d'une grande limpidité, avec la voix mise très en avant et tous les instruments qui se détachent avec netteté (guitare, violon et une touche d'électronique). Comme c'était déjà le cas pour Smog, chaque nouvel album est donc avant tout pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux échantillons de ce son. En conséquence, Arab Strap est un groupe que je n'écoute pas souvent, mais toujours avec plaisir même si je n'ai jamais eu l'envie de m'y plonger plus en profondeur. Du coup, tous leurs albums ont tendance à se confondre dans mon esprit et je serais bien incapable de comparer celui-ci aux précédents. Je dirais donc simplement que le glissement stylistique observé depuis deux ou trois albums s'y confirme, le minimalisme des débuts se métamorphosant petit à petit en une forme de pop joyeuse nettement plus construite (Stink ou There is no ending par exemple).
mercredi, février 1
Séance de rattrapage
Les plus jeunes d'entre vous, ceux qui sont incapables de différencier leur Visage de leur Yazoo peuvent aller faire un tour ici. Pour les autres, la vraie curiosité est cachée dans les commentaires : une reprise acoustique de Fade To Grey par The Konki Duet.
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